Aubervilliers, un matin, juste avant que la caravane de Bartabas ne quitte le site du Fort, direction les Champs-Elysées pour un mois de représentation de Golgota. Dans le territoire de Zingaro, il faut passer la barricade des dindons, ces affreux animaux antédiluviens qui glougloutent constamment. Une allée plus loin, là où sont installées les baraques des membres de la tribu, construites sans le secours d'un architecte-urbaniste, ce sont les chiens qui aboient à notre approche. Et, devant la caravane rouge et verte de Bartabas où l'on a rendez-vous, ce sont les jars et les oies qui gardent la maisonnée. Pas besoin d'alarme. Même un cygne noir fait sa ronde. Pendant tout l'entretien, on verra passer ces gardiens derrière la baie plastifiée du salon.
Ténèbres. A quelques jours de la première au Théâtre du Rond-Point, à Paris, qui a dû être aménagé pour recevoir les quatre chevaux qui prendront l'ascenseur pour atteindre une scène agrandie, Bartabas est détendu. Le duo qu'il forme avec le danseur et chorégraphe espagnol Andrés Marín pour ce spectacle créé aux haras d'Annecy - où est installée provisoirement la scène nationale de Bonlieu pendant sa rénovation - semble pour lui un plaisir. Parallèlement à ses activités à l'Académie équestre de Versailles, où les chevaux crème aux yeux bleus sont du plus bel effet, et à ses grands spectacles pour Zingaro, ce n'est pas la première fois que Bartabas prend les chemins de traverse pour f