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Interview

Le cheval star Soutine nous raconte: «Je broie du noir Soulages»

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Entretien avec l’un des piliers du spectacle.
Soutine dans «le Centaure et l'Animal», en 2010. (Photo Wikispectacle. )
publié le 13 avril 2014 à 18h06

Alors que les autres chevaux se reposent ou intriguent pour attirer l'attention, Soutine a l'oreille dressée dans son box, au cirque d'Aubervilliers. Ce quarter horse américain de 15 ans, arrivé à l'âge de 6 chez Zingaro, est un animal précieux, «au tempérament calme, hypersensible et très serré intérieurement, ce qui fait que je m'en méfie, même si c'est un bon cheval», selon Bartabas. La tête pleine de rêves, dont certains partis dans les limbes, Soutine a toutefois les sabots bien sur terre, travailleur.

Vous portez le nom d’un peintre. Quel rapport entretenez-vous avec la peinture ?

Comme Bartabas, je vais peu voir les spectacles des autres, mais j'aime la peinture et la littérature. J'ai un rapport classique à l'art, ce qui fait dire à mes camarades que je suis un peu «rétrograde». Les chevaux ont beaucoup inspiré les peintres et nous n'avons pas manqué de leur fournir nos crins pour leurs pinceaux. Pour moi, le cheval de Guernica de Picasso est un summum, il est le drame. J'aime aussi les chevaux peints par Paolo Uccello dans la Bataille de San Romano, car ils demeurent une énigme. Ils ressemblent tellement à des chevaux de bois de manège que cela m'a toujours intrigué. Je m'appelle Soutine et j'en suis fier, mais souvent je broie du noir Soulages.

Vous êtes arrivé en France dans votre jeunesse. Que saviez-vous du théâtre équestre ?

J'en ignorais tout. Je viens d'un tout autre milieu, plutôt cow-boy, et j'étais d