La montée de la droite dure et de l’extrême droite aux dernières élections municipales se traduit, déjà, par des intentions de retraits de subventions, des projets de suppressions d’événements culturels, des menaces de censure. Ces actes et intentions sont graves et inacceptables, mais ne sont ni nouveaux ni surprenants tant ils sont cohérents avec les courants politiques en question. Mais une menace sérieuse, inquiétante, risque de provenir de régions, de municipalités «de gauche» et va réclamer toute notre vigilance. Une tendance que l’on a déjà ressentie bien avant les élections et qui pourrait se généraliser : «la peur de faire peur».
Cela fait maintenant deux décennies que l’on assiste à une inflexion des politiques culturelles publiques. Dans la période précédente, elles considéraient l’art comme une production de biens symboliques nécessaires à la société en général et l’art devait être «démocratisé» (quel que soit le sens que l’on ait donné à ce mot). La subvention, alors, accompagnait et encourageait une certaine (et relative) autonomie des artistes et de leurs démarches créatrices, liée à une responsabilité à l’égard des populations. Aujourd’hui, à l’inverse, la politique publique tend à faire dépendre la valeur de l’art et de l’artiste, de son efficacité immédiate éducative, sociale, politique, économique, touristique. On accorde de moins en moins d’intérêt à une proposition artistique et de plus en plus à sa capacité à remplir instantanément des salles, à «intégre