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«Il faut souvent tricher avec le réel»

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Explication de planche avec la mangaka Kaoru Mori.
Crayonné de «Bride Stories». (© 2009 Kaoru Mori)
publié le 25 avril 2014 à 21h23
Rencontrée à Paris lors de sa première venue en France, fin mars, la Japonaise Kaoru Mori revient sur la fabrication d’une des planches de Bride Stories, du croquis à la page telle qu'elle a été publié. Récompensé en 2012 à Angoulême, son manga est un voyage dans l’Asie centrale et ses traditions déclinantes au crépuscule du XIXsiècle.

«Pour cette double page du premier tome de Bride Stories, il fallait que chaque panneau de bois soit unique et, donc, j'ai dû créer à chaque fois des motifs originaux. En même temps, si je dessine tout avec le même niveau de détails, on n'arrive plus à distinguer les objets les uns des autres. Le panneau en bois situé tout en bas du dessin a plus de blanc et est assez aéré alors que celui au-dessus de lui est plus dense au niveau des traits et des motifs. C'est en variant d'un objet à l'autre, ou en jouant avec les encadrements des panneaux de bois, que j'apporte du contraste. Ça donne de la force à chaque élément, ça fait vivre l'ensemble. Evidemment, chaque motif est inspiré du réel, bien qu'un petit peu simplifié. Il faut souvent tricher et ajouter du blanc aux objets pour que les personnages ne se fassent pas engloutir par les décors.»

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«Même avec les meilleurs plans et en préparant bien ses planches au niveau du nemu [l'équivalent du story-board, ndlr], on n'est jamais à l'abri d'une bidouille. Ici, j'avais prévu de rajouter du texte, en haut à droite de l'image. Le nom du chapitre ou peut-être une amorce de texte. J'avais donc laissé du blanc… Mais au dernier moment mon éditeur et moi avons changé d'avis. Le nom du chapitre est venu se poser au-dessus du personnage, dans un cart