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Libération
TRIBUNE

Précarité artistique et intermittence du pouvoir

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par Grégory Chatonsky, Artiste plasticien dans les arts numériques
publié le 19 juin 2014 à 18h06

En mars, le Carreau du Temple fut occupé par des intermittents, des précaires et des chômeurs, alors que devait s'ouvrir le salon «Drawing Now». Sur Internet, les débats se déchaînèrent avec les habituelles réflexions sur la «poignée d'individus qui vivent grassement sur le dos de la société» ignorant la situation dramatique de beaucoup. Des artistes visuels tentèrent de faire entendre leur propre fragilité. Les membres du CIP-IDF (Coordination des intermittents et précaires d'Ile-de-France) expliquèrent que cette action était menée au nom de tous les précaires, artistes compris. On rétorqua qu'il est difficile de parler au nom d'autres, un intermittent dit qu'il était en grève de la faim, les répliques s'accélérèrent. Fin de discussion. Cette rencontre inaboutie entre plusieurs catégories de travailleurs est sans doute le symptôme des relations entre art, travail et économie, et de la mutation du capitalisme. Deux arguments retiennent l'attention : leur régime permettrait de soutenir la production culturelle (subvention indirecte) et la précarité devrait être aidée par la communauté, en particulier en période de crise.

La précarité, qui rappelle les saisonniers au XIXe siècle, est une notion problématique tant elle semble vouloir réifier une situation instable. Est-elle identique chez les intermittents et les artistes ? La condition moyenne des seconds quant à l'économie est souvent organisée autour d'une fiction : des collectivités locales, des agents de