Ils sont arrivés dans le noir. Masse silencieuse de près de 200 personnes, qui s'est déployée, dimanche vers 22 heures avant le début du spectacle sur la scène du festival Montpellier Danse avec un certain sens de l'esthétique. Les spectateurs ont applaudi. Longuement. A répétition, et de plus en plus fort. Puis le silence s'est installé. Les intermittents sont restés muets. Aucune déclaration, juste des mots inscrits sur des petites affichettes, brandies à bout de bras. «Grève ou crève», «Je ne suis pas un déficit», «On ne joue plus», «Qui danse ?», «Trahison».... Un quart d'heure de tension dans le silence soudain interrompu par quelques sifflets de spectateurs, avec aussitôt des protestations contre les siffleurs d'une autre partie du public. Une question a fusé : «Alors ça joue?» Silence. Juste des dizaines de regards d'hommes, de femmes, avec ces slogans braqués vers ceux qui étaient venus assister à la création d'Angelin Preljocaj, Empty Moves.
Le maire de Montpellier, Philippe Saurel (divers gauche), s'est levé. Et a quitté l'Agora sans dire un mot. Des spectateurs l'ont imité. Sans un bruit, parfois en lançant quelques quolibets aux grévistes. Ce blocage de la coordination des intermittents en lutte a été décidé en dépit d'un vote interne au personnel et aux artistes de Montpellier Danse préconisant d'autres formes d'action mais pas la grève. Le public encore présent s'est alors divisé. Echanges vifs sur «