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Libération
Critique

Transmission sans trahison

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Séville vit au rythme du flamenco. Les artistes veulent perpétuer le genre dans son authenticité sans pour autant l’empêcher d’évoluer.
publié le 26 juin 2014 à 18h26

Séville, début juin, à quelques jours du lundi de Pentecôte, la musique de la ville change de tonalité. Les pétards résonnent dès le matin. Les Espagnols célèbrent l'abdication de Juan Carlos, qui passe le flambeau à son fils Felipe VI de Bourbon. Les processions pour accompagner la sortie de la Vierge en rajoutent à l'atmosphère sonore fêtarde. Même si, avant même que l'Espagne soit boutée hors de la Coupe du monde de foot, le cœur n'y était pas tout à fait. Sur les trottoirs, beaucoup cherchent une pitance. Dans les rues, les affiches se multiplient : «Se vende», «se alquila». Les jeunes s'organisent : pique-nique et packs de bière. Le prix des consommations au bar est devenu trop élevé. C'est la vie espagnole qui regarde ses vierges et ses rois passer, toujours avec ferveur, avec le sens de la fête et le sens critique.

Fidèle. Dans cette «ville de procession», comme certains la surnomment, aujourd'hui entre les mains du maire Juan Ignacio Zoido, du parti conservateur et libéral (PP), le flamenco n'est, lui, pas toujours à la fête. Les musiciens et chanteurs hors des circuits touristiques, comme Antonio Moya, déplorent les fermetures régulières des cafés cantante sous des prétextes divers, les taxes et l'absence de reconnaissance du statut d'artiste.

Par une des rues fraîches et pierreuses du centre-ville, on arrive au Théâtre municipal. En général, sa programmation est dédiée au jeune public. Avant sa venue au