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Lagos chante la rime riche

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Loin de Boko Haram (2/2). Au Nigeria, première économie du continent africain, la réussite se mesure en bouteilles de champagne. L’ivresse du clinquant gagne même les musiciens, plus enclins à évoquer les filles, le luxe et la frime que la contestation chère à Fela Kuti. Question de survie.
Les chaussures «en or» de Sound Sultan: «C'est pour attirer le public. Après, tu peux faire réfléchir.» (Photo Sophie Bouillon)
publié le 1er juillet 2014 à 18h06

Dans le carré VIP de Sip, une boîte de Lagos, le champagne coule à flots. Les bouteilles de Moët & Chandon et de Dom Pérignon rosé à plusieurs centaines de dollars s'entrechoquent dans les seaux à glace, se renversent. Le célèbre portrait en noir et blanc de Che Guevara, cigare fumant à la bouche, surplombe la scène. «De là où il est, il doit être heureux de nous voir ici»,assure Olumede, en avalant son verre de Hennessy-Coca-glaçons. Ce jeune trentenaire est parti de rien, d'une famille trop pauvre et trop nombreuse d'Ibadan, une ville proche de Lagos. Sa réussite, il ne la doit qu'à lui-même et à ses connexions politiques. La semaine, il investit dans l'immobilier et le samedi soir, dans le Moët & Chandon. «La seule manière de rencontrer du beau monde et de multiplier les contrats», s'égosille-t-il pour couvrir la musique.

Sur un fond de basses, les frères de P-Square, stars de la pop nigériane, invitent leurs petites amies à «gaspiller leur argent» (Chop My Money) et le célèbre D'banj avoue ne plus savoir où donner de la tête avec toutes ses conquêtes. Son tube, Oliver Twist, a fait le tour du monde et son clip a été vu plus de 27 millions de fois sur YouTube. «Ici, on ne souscrit pas de prêts auprès des banques, s'écrie Olumede. Ceux que tu vois à ma table ce soir sont ceux qui investiront dans mon business demain ! Le champagne, c'est pour montrer qu'ils pe