Une statue de Lénine est de retour à Nowa Huta : mais loin du style monumental de l’époque stalinienne, le nouveau Vladimir Ilitch a pris des couleurs fluo et la pose du Manneken-Pis, un clin d’œil à l’histoire de l’ancienne cité-modèle communiste dans le sud de la Pologne.
«J'ai voulu poser la question : saurions-nous, nous les habitants de Nowa Huta, et les Polonais en général, prendre nos distances par rapport au passé qui le plus souvent nous hante tel un fantôme ?», explique Bartosz Szydlowski, auteur de cette œuvre surnommée «La Fontaine de l'avenir» et érigée dans la ville dans le cadre d'un festival artistique. «Saurions-nous donner à ce passé un sens plus humoristique, surréaliste, le dégonfler de ce poids, montrer que nous sommes capables de nous libérer du traumatisme par le rire et la distance ?», ajoute l'artiste.
Pour se moquer du symbole de Lénine, Szydlowski a créé avec son épouse une petite statue en plâtre d’à peine 68 centimètres, dix fois moins que l’original érigé à l’époque où la Pologne était un satellite de l’URSS. La couleur fluo et le geste du petit garçon bruxellois urinant tranchent avec le style figé et imposant du réalisme socialiste.
Idéologie à taille liliputienne
«Pourquoi si petite ? Le but était de réduire l'idéologie à une taille liliputienne», explique Maciej Mizian, historien d'art au musée de Nowa Huta, rappelant qu'à l'époque communiste tout devait être grandiose.
Nowa Huta, «nouvelle aciérie» en polonais, est une ville-nouvelle conçue en 1949