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Théâtre

La lutte au corps de Nadia Beugré

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La lutte des intermittentsdossier
Invitée des Sujets à vif, la danseuse et chorégraphe ivoirienne nourrit son travail des combats citoyens.
Nadia Beugré interprète «Quartiers libres» au Festival Masa, à Abidjan, le 5 mars. (Photo Luc Gnaco. Reuters)
publié le 3 juillet 2014 à 22h26

Lorsque la danseuse et chorégraphe ivoirienne arrive à l'Agora, où se déroule une partie du festival Montpellier Danse, ville où elle s'est installée après avoir suivi une formation au centre chorégraphique, les grands gaillards que sont les lutteurs sénégalais réunis pour le spectacle de Salia Sanou s'écartent respectueusement avant de lui tomber dans les bras. Elle n'a rien des reines classiques qui marquèrent l'histoire de l'Afrique et auxquelles elle entend bientôt rendre hommage dans Legacy, un prochain spectacle, mais elle en impose.

Portant le bermuda à merveille, la lutte, elle connaît. Elle est née avec, le 5 mars 1981, dans le quartier populaire d’Abodo, à Abidjan. Son père, musulman, et lui-même adepte de danse traditionnelle, n’appréciait guère qu’elle aille jouer au foot, mettant la pâtée aux garçons au lieu de suivre l’école, mais il a dû s’incliner devant la détermination de la jeune fille, qui allait finalement choisir la danse.

Féministe. En 1997, Nadia Beugré crée avec Béatrice Kombe la compagnie de filles Tché Tché, proposant une danse puissante, féministe, à partir du répertoire traditionnel. Après le décès de sa compagne en 2007 et des années difficiles de remise en question et d'égarement, aidée par quelques personnes du milieu culturel, elle suit les cours de Germaine Acogny (Mama Germaine) dans les environs de Dakar avant d'arriver à Montpellier et de danser notamment dans la compagnie d'Alain Buffard, lui