Pour son premier Festival d'Avignon, Olivier Py est servi. Sa réaction anti-Front national au lendemain du premier tour des municipales - «Si le FN l'emporte, le Festival n'aura aucune autre solution que de partir», déclarait-il sur France Info -, lui a valu une volée de réactions hostiles. Ensuite, le conflit des intermittents. Impossible de reprocher à Py de ne pas prendre position : il soutient le mouvement mais est partisan de jouer les spectacles, «toujours».
Vous avez plusieurs fois déclaré que vous n’annuleriez pas le Festival, même en cas de grèves. Pensez-vous pouvoir tenir bon ?
Les salariés ont voté à plus de 80% sur le fait que le Festival devait avoir lieu. Et pour qu’il soit une caisse de résonance du mouvement. Cela croise tout à fait mes désirs. J’ai toujours rêvé Avignon comme le haut lieu de la parole politique. Il faut bien sûr que cela se passe dans le respect des artistes et des spectateurs. Et sans violence. Rien n’est gagné d’avance.
Qu’est-ce qui l’emporte, l’optimisme ou l’inquiétude ?
Je suis raisonnablement inquiet. Le pire serait que la colère de tous se transforme en colère des uns contre les autres. Je suis partisan de jouer, toujours. Pour autocensurer un spectacle, il faudrait vraiment avoir tout perdu. Ce serait un suicide. Ne pas jouer, je ne l'ai pas fait en 1995 alors que l'on était en train de massacrer 8 000 musulmans à Srebrenica. Si nous avons fait la grève de la faim [en août 1995, en compagnie d'Ariane Mnouchkine et de quatre autres figures du théâtre public, ndlr], et pas la grève des spectacles, c'est que nous pensions que cela ne servait à rien de ne pas jouer. Je place l'acte de théâ