Deux publics, deux approches, un dialogue de sourds. C'est la leçon des deux premiers jours du festival d'Aix-en-Provence. Mercredi soir, pour la première de la Flûte enchantée (lire page 40), l'entrée principale du Grand Théâtre de Provence est condamnée au profit du grand escalier, plus aisé à filtrer. Une rangée de policiers, des intermittents distribuant des textes dénonçant «un recul sans précédent dans l'histoire des droits sociaux de tous» et qui demande «l'étude des propositions du comité de suivi» de leur statut, mené par des parlementaires et des syndicats, comme celui des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). Une dizaine d'autres intermittents sont couchés, il faut les enjamber : «Allez, un peu de courage, marchez-nous dessus.» On craint une hécatombe de fémurs, vu l'âge moyen de l'amateur d'opéra. Avant le spectacle, le metteur en scène, Simon McBurney, appelle à la solidarité. «Nous rallions tous nos collègues qui n'ont pas eu la chance de jouer cet été parce qu'ils ont eu le courage d'agir pour nous faire réagir.» Et de mettre la place de la culture en Europe à l'horizon de la réforme du statut des intermittents. Ceux d'entre eux qui ont fabriqué cette Flûte montent sur scène, ovationnés.
Brushing. Jeudi, autre ambiance au Théâtre de l'Archevêché, bastion des mises en plis versaillaises. C'est la première du baroque Ariodante avec son plateau