Pudique jusqu'à l'ineffable, plastique, Je voyage seule comme le nom l'indique, traite de solitude, c'est-à-dire de notre condition humaine, de la vie vaine sans recours. C'est un film noir diaphane. Ce qui nous est passé sous les yeux de plus séduisant depuis la Grande Belleza, disons, rappelant suavement combien l'Italie, romaine ou toscane, garde décidément de siècles de raffinement d'avance.
D'une détresse incroyablement délicate et jolie, Viaggio sola est un portrait de femme - autoportrait de la cinéaste ? -, chavirant de lucidité sensible, de sensualité, déplacée, froissée, évanescente tel l'âge, jeunesse philosophale évaporant. Une tranche de vide qui pique les yeux de compassion dépassée, d'émoi, d'ennui existentiel familier, manie - objet éminemment esthétique, visuel ; du design comme luxe métaphysique.
L'héroïne Irene, Margherita Huy (entrevue dans le Fils préféré, le Caïman…), pourrait être nous journaliste. Passant sa vie à côté, à constater, noter, inspecter, commenter. Perdant son temps inquiet à ne rien éprouver de réel. Son métier, sa fatalité, c'est «la cliente mystère». Elle hante les palaces professionnellement pour en tester le luxe rigoureusement requis de tout cinq étoiles (Le Crillon ouvre la suite de couloirs, lounges, spa, personnels, décors, rencontres fantômes, entre Gstaad et Marrakech, Berlin, Tanzanie…). Irene, à la «belleza» de seconde main (51), n'est littéralement pas là, son attention l'a