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Libération
Interview

«Le lieu où l’on a grandi est une structure qui fait exister notre travail»

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Réalisateurs nés en Amérique latine puis exilés en Amérique du Nord, Nicolás Pereda et Matías Piñeiro ont su garder leurs films enracinés. Entretiens croisés à la veille de la clôture du Festival de Locarno.
publié le 15 août 2014 à 18h07

Tous deux nés en 1982 dans une capitale d'Amérique latine (l'un à Mexico, l'autre Buenos Aires) et dotés d'une pilosité messianique, Nicolás Pereda et Matías Piñeiro réalisent les films les plus différents qui soient. Le premier oscille, depuis une dizaine de films courts et longs, entre documentaires et déconstructions de fictions familiales et vient de signer avec los Ausentes son plus beau film à ce jour, manière de remix intime du meilleur cinéma contemplativo-méditatif contemporain. Le second apparaît comme l'un des plus brillants cinéastes émergés des écumes d'une nouvelle vague argentine essoufflée et puise dans Shakespeare la matière volatile de marivaudages enivrants de vitesse et d'indécisions du récit (au dernier, le splendide la Princesse de France, on souhaite de trouver le chemin des salles françaises, à l'inverse des trois premiers, malheureusement restés inédits).

L'un et l'autre ont surtout cela en commun de résider en Amérique du Nord, où ils vinrent étudier puis restèrent enseigner, sans pour autant que leur cinéma s'en trouve déraciné. Alors que leurs films figurent parmi les fleurons d'une 67e édition du festival de Locarno, il nous a paru opportun de les faire échanger sur leur condition commune d'artistes pris dans une liaison longue distance avec le territoire d'élection de leur inspiration.

Qu’est-ce qui vous a amenés à aller vivre en Amérique du Nord ? Etait-ce une évidence de réaliser néanmoins vos films dans votre pays natal ?

Nicolás Pereda : Cela fait onze ans que je vis au Canada, où je suis venu étudier, et désormais, j'enseigne le cinéma