Les murs charbon et orange vif sont décrépis. Les programmes d’entraînement sont inscrits à la craie à même la paroi. Il y a des poids et des haltères – beaucoup – que les adeptes laissent violemment rebondir sur le sol au bout de l’effort. Des anneaux de gymnastique en bois pendent ici et là. Aucun miroir.
La «cage à tractions», petite structure métallique au milieu de ce rectangle dédié à l'épuisement des corps, tremble sous la vigueur des répétitions. Les exercices s'enchaînent frénétiquement, sans pause, en boucle, pendant une vingtaine de minutes. Pompes en équilibre sur la tête par série de dix puis flexions sur une jambe, les clients ne faiblissent pas. Les coaches, très présents, y veillent: «Arrête de parler! Reste pas par terre! Bouge ton cul!» La session de ce mercredi soir, comme toutes les autres cette semaine, affiche complet. On est à la «box » des CrossFit Original Addicts, rue de Charonne à Paris. Une salle de gym soviétique revue et corrigée par Mad Max. La séance de musculation aseptisée, avec ses machines et ses tapis de course aux télévisions intégrées, sur lesquels roulaient les héros de Bret Easton Ellis dans les années 90, n'est plus la seule activité physique à attirer les foules.
Aujourd’hui, le sport est au dénuement. Depuis le début des années 2010, les accros de la forme se sont découvert une passion pour la rusticité et les routines d’entraînement aussi intenses qu’elles semblent rudimentaires. Dérivé le plus symptomatique de cette tendan