On le connaissait pour ses «portraits» de bustes féminins nus, sans tête, pure matière mamelue se confondant avec le sable, l'eau, le bois, les cailloux. Des images de seins modelés par l'ombre ou l'air, sculptures érotiques. Mais aussi pour ses clichés tauromachiques : l'amour et la mort conjugués.
Né à Arles le 14 août 1934, fils d'un épicier, membre de l'Académie des Beaux-arts en 2007 (le premier photographe à y entrer), il avait fondé les Rencontres photographiques d'Arles en 1969 avec l'écrivain Michel Tournier, qui deviendront plus tard un rendez-vous incontournable de la photographie internationale, un laboratoire de la création contemporaine aussi bien qu'un lieu de redécouvertes patrimoniales. Ainsi de la collection indienne Alkazi, par exemple, que les Parisiens peuvent découvrir ce week-end au Grand Palais à Paris Photo mais dont les Arlésiens avaient eu la primeur en 2007 aux Rencontres. En 1982, ce prosélytisme argentique se prolonge avec la création de l'Ecole nationale de la photographie, toujours à Arles. Il y enseigne jusqu'en 1999.
Clergue fut une figure essentielle de la vie artistique méditerranéenne : ami de l'écrivain varois Saint-John Perse ou découvreur de Manitas de Plata, la légende raconte qu'i