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disparition

Lewis Baltz, pavillons en berne

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Le plus européen des photographes américains, associé au mouvement New Topographics, est décédé samedi, à 69 ans.
«Model Home», Shadow Mountain, Nevada,1977. (Photo Lewis Baltz, courtesy Galerie Thomas Zander, Cologne)
publié le 24 novembre 2014 à 19h06

Lewis Baltz est mort samedi à Paris, des suites d'un cancer du poumon. Il avait 69 ans. Toute sa vie, il incarna la figure d'un artiste en marge de la photographie, loin de ses éblouissements éphémères, soucieux de décrire l'état d'un monde sous surveillance s'avançant placidement vers le chaos grâce, entre autres, aux nouvelles technologies. Il était comme un pont suspendu entre deux continents, l'Amérique, où il était né le 12 septembre 1945 à Newport Beach, en Californie du Sud, et l'Europe, tant appréciée, qui lui offrit un refuge sentimental, un cadre empirique et des amitiés absolues. Ainsi celle de l'écrivain Bernard Lamarche-Vadel retraçant dans un manifeste (1) «l'impact» de ce penseur indocile, «le plus grand et le dernier photographe moderne américain» dont l'œuvre fut accueillie avec «bienveillance, enthousiasme et respect».

De fait, même s'il était d'une rare discrétion sur les cimaises françaises (rien d'importance depuis 1993), Lewis Baltz ne cessa d'être présent, broyant instinctivement les us et coutumes d'un médium déjà surfait. Dans Contacts, réalisé par Sylvain Roumette en 1998, il lançait dès les premières minutes, d'une voix tranquille habituée à l'enseignement : «Je ne me suis jamais considéré comme un photographe, je n'ai même jamais vraiment aimé la photo. Je ne me suis jamais senti lié à sa prétendue histoire et, aujourd'hui encore, je doute que la photo ait véritablement une histoire. J'ai fait des photos parc