Comment jouer une femme à peu près aussi expressive et secrète que le chignon noué qui lui a servi d'emblème ? Pas fastoche, la mission d'Emmanuelle Devos : camper Simone Veil. Parce qu'un chignon et le fameux tailleur mémé Chanel n'y suffisent pas. Emmanuelle Devos revêt la panoplie obligatoire (il gratte pas trop, au fait, le tailleur ?) et, pour parfaire sa Momone, y ajoute un drôle de port de tête, nuque en arrière, comme une distance au monde qui l'entoure. Dans la fiction, la journaliste de l'Express, Diane, plongée dans les archives et les photos de Simone Veil, interroge la documentaliste : «Ça vient d'où cette distance ?» L'autre, du tac au tac : «Des morts. Ça vient des morts.»
Quatre-vingt-dix minutes durant, Emmanuelle Devos tient la distance, celle de Simone Veil poursuivant sa bonne femme de chemin (et pourquoi les chemins seraient-ils réservés aux bonhommes, d’abord ?) au milieu des squales de 1974, Chirac, Garaud, Juillet, Lecanuet, Poniatowski. Bientôt, on les aura tous oubliés ceux-là, pas grave, mais pas ces trois jours d’il y a quarante ans, quand l’Assemblée nationale adopte la loi légalisant l’IVG, le 29 novembre 1974.
Trois jours et deux nuits, c'est l'argument et la temporalité de la Loi, fiction historique de service public diffusée ce mercredi soir sur France 2. Oui, on sait, on sait, «fictio