Sept cents millions d'euros, un montant jamais vu en France dans une affaire décrite comme une «cavalerie»: tel est, selon les informations recueillies par Libération, le montant considérable du préjudice évalué par le parquet financier, qui a lancé la semaine passée une opération à l'échelle européenne à l'encontre de la société Aristophil.
Son patron, Gérard Lhéritier, devenu le plus important marchand de manuscrits au monde, se défend vigoureusement d'être «le Madoff français». Le parquet, qui conduit une enquête préliminaire sur le soupçon d'«escroquerie en bande organisée», entend néanmoins mettre un terme à ses activités, qu'il assimile à une «pyramide de Ponzi», du nom d'un marchand de timbres des années 1920 qui avait monté une arnaque consistant à promettre aux épargnants des rendements intenables, financés par les apports des nouveaux arrivants. D'après nos informations, la justice a en effet saisi tous les comptes, professionnels et personnels, de la compagnie et de ses représentants, en France, en Belgique et au Luxembourg, dont les 3 millions d'euros contenus sur celui de la maison mère à Paris.
Naufrage. Cette mesure extrême a été justifiée par la nécessité de garantir la «confiscation» des sommes si elle était décidée par les tribunaux. La collection de manuscrits elle-même, une des plus riches en mains privées (lire ci-contre), a été placée sous scellés. Incapab