Economiste, Alexis Dantec est le directeur général de Cofinova, une société pour le financement de l'industrie cinématographique (Sofica). Il juge que cette mesure va «dans le bon sens», même si on pourrait, dit-il, «aller plus loin».
Le plafonnement des cachets des stars du cinéma est-il justifié selon vous ?
Oui, dans la mesure où le cinéma est une économie très régulée et fortement incitée à travers divers mécanismes fiscaux et de redistribution. C’est l’argent de tout le cinéma qui finance le CNC qui à son tour finance les films et de ce point de vue, il n’est pas normal que ce système très mutualisé puisse alimenter cette inflation des cachets de quelques-uns à laquelle on assiste depuis quelques années. Ce phénomène ne touche cependant qu’un tout petit nombre de films, au grand maximum un petit dixième des 279 films agréés par le CNC l’an dernier.
Pourquoi s’est-il amplifié ces dernières années ?
Parce qu’un très grand nombre de producteurs recherche un tout petit nombre d’acteurs ou de réalisateurs réputés très «bankable» pour leur film. Si un comédien vient de faire un gros succès, son tarif peut être multiplié jusqu’à 4 ! Cette situation d’oligopole crée cette surenchère sur les cachets qui nuit à l’arrivée au financement du cinéma. D’abord, parce que le fait de se payer une star n’est absolument pas une garantie de réussite au box-office - les exemples prouvant le contraire pullulent ; ensuite, parce que là où on aurait les moyens de faire deux films en rémunérant moins certains acteurs, on n’en fait plus qu’un seul.
Ce plafonnement ne concernera que la rémunération fixe. Est-ce que cela signifie que la part variable va augmenter dans les contrats ?
Oui et c'est une incitation très positive à prendre plus d