Toujours un chapeau un peu de travers flanqué sur ses courtes locks, Yaya Sarria, éternellement l’air de se promener, les mains dans les poches. Pas du tout le look du danseur contemporain qu’il est pourtant, ayant parfait sa formation dès que l’occasion se présentait. Dans son pays déjà, avec Les Jeunes Tréteaux du Tchad, mais aussi à l’Ecole des sables de Toubab Dialo au Sénégal, à Tunis, aux studios Kabako à Kisangani (Congo) et partout où il le peut. Cela ne change rien à sa manière d’être, décalée et très peu influençable. Le jeune homme de 31 ans est une tête de mule façonnée par la dureté climatique, l’instabilité et l’éloignement géographique de son pays.
On l’a connu en 2001 lors des Rencontres de l’Afrique et de l’océan Indien, organisées par l’Association française d’action artistique sur le continent africain depuis 1995. Il faisait partie des Jeunes Tréteaux du Tchad, compagnie fondée en 1996 par un autre chorégraphe, Hyacinthe Tobio. Leur création avait pour le moins surpris le public. Alors qu’ils ignoraient tout du butô japonais, ils avaient présenté une danse lente, le corps poudré, hommes des sables camouflés. A l’époque, la compagnie vivait de petites subventions, de dons et de la vente de cartes postales.
A N'Djamena, la capitale du Tchad, en pleine guerre civile, tous les danseurs avaient coupé leurs locks supposées être le signe des rebelles. Soutenue par l'Institut français, la compagnie crée un premier festival en 2004, qui existe toujours sous le nom d