Il est le plus cher, le plus connu, le plus beau, le plus commenté, le plus visité, le plus gentil, et pourtant, personne ne l'aime (en France, en tout cas). Outre les œuvres qu'il réalise, que celles-ci plaisent ou pas, tout artiste inspire généralement une espèce de sympathie existentielle ; le sacerdoce guimauve et brutal de Jeff Koons ne suggère aucun sentiment de cet ordre. L'estime ne saurait aller à celui qui abuse de la candeur, tout en considérant l'art comme un tombeau de luxe pour les actionnaires qui ne savent plus quoi faire du capital qu'ils ont extorqué à la terre entière. S'aime-t-il lui-même seulement, malgré toute l'énergie qu'il déploie pour nous convaincre qu'il nous faut accepter ce que nous sommes sans culpabilité (connais-toi toi-même) ? Bref, Koons, c'est Popeye, Bambi, Socrate et Goebbels - puisque «la foule est son ready-made» (dixit l'intéressé).
La fortune et le mépris sont la rançon du succès pour le «sale boulot accompli avec la détermination d'un missile» (Paul Schimmel, ancien conservateur du Moca de Los Angeles). Tout ce que la société contemporaine a de désastreux se cristallise dans son œuvre et sa personne - jusque dans son corps souriant de Truman Show qu'il a donné de son vivant à la cause de l'art comme d'autres cèdent leur cadavre à la science. Que révèle l'autopsie des ruines rutilantes de Koons dans le dépouillement du White Cube ? Le règne unilatéral du divertissement, la prolétarisation de la middle class