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Libération
Reportage

Royal au bar à chicha

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Avec pas moins d’un demi-millier de bars ouverts dans la capitale, il y a de la chicha dans l’air. Du «beurgeois» aux jeunes de banlieue, la clientèle est addict à la pipe à eau.
Au Temple dans le IIIe arrondissement à Paris. (Photo Rémy Artiges)
publié le 26 décembre 2014 à 12h18

Paris, un vendredi pluvieux d'automne, rue Bobillot (13e arrondissement), une vieille dame s'arrête, capuche sur la tête, devant le numéro 87: un ancien restaurant italien en travaux. Elle interroge un jeune homme posté à l'entrée: «Vous allez ouvrir un nouveau restaurant ?» Il répond poliment: «Non Madame, on va ouvrir un bar à chicha.» Elle marque une pause : «Un bar à chicha ? C'est quoi ? Ça veut dire qu'on ne pourra plus manger ?» Il sourit, charmeur: «On fera des Paninis tous les soirs.»

L'héritage de l'ancien restaurant italien, sans doute. Mohamed (26 ans) a décidé de franchir le pas et casser sa tirelire pour ouvrir son propre établissement. Le Hype verra le jour à la mi-décembre. Il fait la visite des lieux, dit envisager «un endroit lounge, convivial, apaisant». Mohamed n'est pas un pionnier. Les bars à chicha ont débarqué en France à l'aube des années 2000. On les pensait éphémères mais ils sont désormais ancrés dans le paysage. Il en pousse un peu partout et ils ne désemplissent pas.

A Paris, on en recense presque un demi-millier. Chaque estaminet possède sa spécialité: soirées entre amis, aire de repos, drague-room, piste de danse, salle de réunion, concert… Les plus fidèles? La jeunesse Benetton de banlieue et la «beurgeoisie» qui s’enfument les poumons à haute dose. Elles ont délaissé les boîtes de nuit. Partout pourtant la même recette à 20 euros de moyenne: une grande pipe à eau, une dose de charbon et une autre de