La dénonciation du cynisme inhérent à l'art contemporain, notamment celui de Jeff Koons, est en passe de devenir le comble du snobisme intellectuel. Un tel argument charrie, en effet, un certain nombre de préjugés, voire d'incohérences, que la tribune de Didier Vivien, parue dans Libération le 22 décembre, exprime de manière assez claire. Car, jouer l'ascétisme de Marcel Duchamp contre le cynisme d'un trader, Jeff Koons, se faisant passer pour un artiste, n'est pas sans poser quelques problèmes. Ainsi, autant on apprécie qu'avec Duchamp les frontières entre art et non art soient devenues problématiques, voire inexistantes, autant on n'hésite pas à les refaire jouer quand il s'agit de dire de Koons qu'il est nul, et que ce qu'il fait n'est pas de l'art. De toute façon, si le but avéré de l'avant-gardisme est de démuséifier l'art, il n'y a alors plus aucune raison de préférer Duchamp à Koons ou à Murakami : on pourrait presque dire que le kitsch de Koons est du point de vue de la fin de l'art largement supérieur au «ready-mading» généralisé, qu'on s'efforce de justifier toujours laborieusement dans les termes qui sont ceux de l'histoire de l'art, alors même que le geste de Duchamp est censé nous en faire sortir.
Il est, d’ailleurs, un peu facile d’opposer l’ironie d’un Duchamp cherchant à subvertir le principe de l’art à travers un geste qui transgr