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Libération

Vive alarme à la Loge

Finances. Véritable poumon parisien de la création musicale et théâtrale, la petite salle appelle à l’aide.
publié le 17 février 2015 à 19h06

Alerte à toutes les unités : la Loge est en danger, et ça n'est clairement pas une bonne nouvelle pour qui prétend aimer et défendre la culture au sens le plus sagace et dynamique du terme. Pour les habitués des seuls Zéniths et autre Stade de France, refaisons un bref état des lieux : la Loge est une petite salle de spectacle située à Paris dans une superbe cour intérieure du XIXe siècle (1). Là, chaque soir ou presque, il s'en passe de belles : musique et théâtre équitablement représentés, on y promeut, de fait, quantité d'artistes émergents que, souvent, on retrouve plus tard, ailleurs, du style Christine and the Queens, Fauve, Bastien Lallemant ou Mina Tindle pour la musique, David Léon et Thomas Blanchard, Marie Payen ou Nicole Genovese pour le théâtre.

Iota. Ouvert en 2009, l'établissement a ainsi accueilli 180 compagnies, présenté 300 spectacles (dont 80% de créations) et 460 groupes. 77 000 personnes y sont venues, mais pas le même soir, la jauge plafonnant à 80 places. Formidable plaque tournante de la création hexagonale, la Loge est donc un endroit essentiel, ainsi que nous l'écrivions dès 2011, sans que l'avis ait varié d'un iota depuis. A l'époque, les directeurs Alice Vivier et Lucas Bonnifait s'estimaient pourtant déjà peu épaulés, avouant que, côté pépettes, il fallait se serrer la ceinture.

Or, la situation a empiré. Au point que la semaine dernière, l'équipe, plus habituée à mettre les mains dans le moteur qu'à fréquenter les dîners en ville, s'est fendue d'un communiqué faisant état d'un «déficit de 40 000 euros» menaçant l'existence même de la structure «à l'issue de la saison 2014-15». Explication avancée : «Ce déficit est la répercussion directe de la non-attribution de la PAC [permanence artistique et culturelle, un dispositif d'accompagnement de la région Ile-de-France, ndlr] et du manque de soutien et de moyens qui nous sont alloués de manière générale, alors même que tout le monde (institutions, artistes, public, presse) loue notre action. Deux années de suite, en 2013 et en 2014, nous avons sollicité la région et ce soutien nous a été refusé.» En clair, la petite équipe (sept personnes) qui s'autofinance à 75% grâce aux entrées (5 à 16 euros) n'y arrive plus, et dénonce «des choix politiques et non stratégiques».

Tocsin. Quelques jours après, certains ont entendu le tocsin, comme le résume un second communiqué, adressé mardi. Lancé sur le site HelloAsso, un appel aux dons a permis de récolter près de 10 000 euros. Et vendredi, la Loge a (enfin !) été contactée par des structures publiques de tutelle, des rendez-vous devant être organisés avec les chargés de mission du spectacle vivant de la région Ile-de-France et avec la direction des affaires culturelles de la ville de Paris. Pas encore de quoi crier victoire, mais au moins espérer que l'impensable ne finisse pas par arriver.

(1) La Loge, 77, rue de Charonne, 75011. www.lalogeparis.fr