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Libération
Cinéma

«Projet Almanac», vol d’ennui

«Projet Almanac» (Photo Guy D'Alema)
publié le 27 février 2015 à 19h16

Après Bis il y a dix jours, voici cette semaine un nouveau film présentant une variation sur le thème du voyage dans le temps : Projet Almanac. David est un petit génie de la physique chimie qui découvre que son père, mort il y a dix ans, lui a laissé les plans d'une machine à remonter le temps («les équations se servent de la théorie de la relativité !»). Avec ses camarades geek et sa sœur en short, David dénude des fils, soude, boit du Red Bull et se sert de son iPhone pour des placements de produits filmés au ralenti. Mais rien ne se passe. Le problème dans ce genre de films qui voyagent, c'est l'énergie ( «2,21 gigowatts !» entendait-on jadis). Ici, après maints essais, les quatre amis utiliseront une batterie d'automobile : ça marche. C'est une des caractéristiques du film que de faire se rejoindre le summum de la physique quantique et le basique d'un cours introductif de sixième.

Quand certains des longs métrages sur le sujet tentent d'être originaux en brodant par exemple autour du chat de Schrödinger (l'opaque Primer de Shane Carruth), ici nous avons droit à un gag : une fois les ficelles du voyage dans le temps enfin maîtrisées, nos amis s'en servent pour revenir en arrière et faire la fête dans un festival, devenir riche mais se tromper de numéro de loto gagnant, se venger d'une pétasse du lycée… On a du mal à imaginer que l'esprit perfectionniste qui sous-tend ce genre de machinerie - revenir en arrière pour arranger les choses dans le présent, recommencer si besoin - accouche d'une telle vacuité. Dès lors, c'est un autre voyage dans le temps que le réalisateur, Dean Israelite, nous impose : celui de la traversée des interminables cent six minutes de son premier film.