«Help me ! Eat me !» brame le visage du performeur Rinde Eckert dans l'installation vidéo géméllaire Anthro/Socio (Rinde Facing Camera), qui accueille en miroir le visiteur et donne un «la» paradoxal et discordant (photo). Le sous-sol de la Fondation Cartier transformé en caverne abrite aussi des carcasses d'animaux métalliques traînées dans un sinistre Carrousel (1988). Au rez-de-chaussée, petits et grands sont conviés à assister à une illusion d'optique réalisée avec des crayons sur un écran géant éclairé par des LED (Pencil Lift/Mr Rogers). Post-moderne, post-minimaliste, le sculpteur de formation et plasticien américain protéiforme échappe aux catégorisations. Six pièces, c'est un peu court pour une «première exposition majeure à Paris depuis quinze ans». Certaines, déjà montrées un peu partout et datant parfois des années 80, constituent ce bref aperçu de l'œuvre composite du cow-boy conceptuel, réfugié au Nouveau-Mexique et vainqueur du lion d'or à la Biennale de Venise en 2009. La plus récente, une piste sonore lançinante, For Children/Pour les enfants, compose un mantra aussi ténu que retors pour celui qui, à 73 ans, n'a pas fini de jouer avec nos nerfs.
Bruce Nauman, Fondation Cartier, 261, bd Raspail, 75014, jusqu’au 21 juin.