Après une édition 2014 mitigée partiellement perturbée par les revendications des intermittents du spectacle, le Festival d’Avignon mise cette année sur une programmation aux risques limités - ce qui ne permet pas pour autant de préjuger que la qualité ne soit pas au rendez-vous.
D'ailleurs, c'est en toute décontraction qu'Olivier Py égrène le chapelet de ce qui va constituer cette 69e édition –sa deuxième en tant que directeur–, évoquant d'entrée de jeu une baisse de 5% des subventions, laquelle, assure-t-il, sera rattrapée l'an prochain.
Parmi les valeurs sûres, le Polonais Krystian Lupa, invité pour la première fois au Festival, adaptera le récit de Thomas Bernhard, Des arbres à abattre. Déjà présent en 2014, en revanche, Thomas Ostermeier revient en habitué dans la Cité des papes où il présente Richard III de Shakespeare ; auteur dont Olivier Py monte dans la Cour d'honneur le Roi Lear avec Christophe Girard dans le rôle-titre. Valère Novarina, qui n'est pas non plus un nouveau venu du Festival, crée le Vivier des noms tandis qu'Angelin Preljocaj investit la Cour d'honneur avec Retour à Berratham, texte inédit de Laurent Mauvignier. Toujours dans la Cour d'honneur, Isabelle Huppert lira Juliette et Justine, le vice et la vertu, d'après Sade. A l'Opéra, Fanny Ardant sera la récitante de Cassandre d'après Christa Wolf sur une musique composée par Michael Jarrell. Et Philippe Berling montera Meursaults, d'après le roman de Kamel Daoud. Autre valeur sûre : Platon, dont la Républiquedans la traduction d'Alain Badiou fera l'objet d'un feuilleton théâtral impliquant comédiens professionnels et amateurs pendant toute la durée du Festival.
Plus que l'an passé, cette édition propose malgré tout un lot de découvertes non négligeable ou même d'artistes rarement présents sur des scènes françaises. A commencer par le Russe Kirill Serebrennikov qui monte les Idiots, d'après Lars von Trier, ou les Lituaniens du Teater NO99. L'Argentine est aussi à l'honneur avec des créations de Sergio Boris, Mariano Pensotti et Claudio Tolcachir. Le Flamand Benjamin Verdonck y présentera Notallwhowanderarelost, petite merveille de précision et d'équilibre fragile. Et le Portugais Tiago Rodrigues, une version d'Antoine et Cléopâtre, d'après Shakespeare.
Côté danse, Gaëlle Bourges, Eszter Salamon, Fatou Cissé et Hofesh Shechter contribuent à équilibrer une programmation majoritairement axée sur le théâtre et les auteurs contemporains, où l’on retrouve également de jeunes metteurs en scène - de Samuel Achache à Benjamin Porée, en passant par Jonathan Châtel ou Olivier Martin-Salvan.
Festival d'Avignon, du 4 au 25 juillet. Rens.: www.festival-avignon.com/fr