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Libération
Cinéma

«Avengers», la marge de trop en Allemagne

Pour la sortie de son blockbuster, Disney a décidé d’augmenter sa part sur les petites salles.
«Avengers : l’ère d’Ultron»
publié le 27 avril 2015 à 19h56

Accueil glacial en Allemagne pour le dernier épisode en date des Avengers… Et on ne vous parle pas des critiques dans la presse. A sa sortie, jeudi, 686 salles de cinéma de petites villes allemandes boycottaient le blockbuster, protestant contre l'augmentation inattendue du montant dont les exploitants de cinéma doivent s'acquitter pour en projeter une copie.

Auparavant fixé à 47,7% pour les villes de moins de 50 000 habitants, le tarif vient de s’aligner sur celui des grandes villes, soit 53% du prix du billet par spectateur… Une décision prise unilatéralement et sans aucune concertation préalable par Disney, son producteur. La major en a aussi profité pour réduire sa participation à la promotion des films, et ne plus proposer d’avance pour l’achat de lunettes 3D.

«Proposer de telles conditions est, à mon sens, un scandale», s'étouffait il y a quelques jours Andreas Kramer, le directeur général de l'association de cinémas Hauptverband Deutscher Filmtheater. Disney vient, selon lui, de violer un principe tacite, établi de longue date, consistant à ménager les cinémas les plus fragiles, en ne réclamant pas plus de la moitié de leurs recettes. Aujourd'hui, les cinémas de régions peinent à sortir la tête de l'eau, fait valoir Kramer dans le Tageszeitung : le coût de l'équipement des salles allemandes en projecteurs numériques s'est élevé à plus de 3,4 milliards d'euros, et l'amortissement est bien plus long pour les petites salles que dans les grandes villes. Karl-Heinz Meier, qui dirige une association d'exploitants dans le nord de l'Allemagne, craint en outre que Disney donne le mauvais exemple : «Si d'autres producteurs se mettent en tête de s'aligner sur leurs exigence, c'est la mort du cinéma de région.»

L'opération de boycott est un succès : né dans 160 salles nordiques de Basse-Saxe et du Schleswig-Holstein, il s'est rapidement étendu à tout le territoire. «On compte parmi nous des cinémas de Rhénanie, de Thuringe et jusqu'en Haute-Bavière», se félicite Karl-Heinz Meier, et autant de pauvres spectateurs privés d'Avengers : l'ère d'Ultron. Impossible de savoir si le mouvement a réussi à émouvoir un tant soit peu Disney, qui se refuse pour l'instant à tout commentaire.