On dirait un champ de fleurs ondulant doucement sur leurs tiges. Mais ces fleurs sont aussi des ballons gonflés à l’hélium. Quand on en coupe l’attache, elles s’envolent. A moins qu’on ne les retienne, bien sûr.
C’est justement à quoi s’emploient Olli Vuorinen et Luis Sartori do Vale, de la Compagnie Nuua. Le premier est jongleur et manipulateur d’objets, tandis que le second est acrobate et plasticien. Confrontés à ces ballons plus légers que l’air, ils inversent les règles du jonglage, inventant des figures où il ne s’agit pas tant d’envoyer et rattraper des objets que de les empêcher de s’envoler.
En résulte un mélange d'euphorie et de mélancolie qui contribue au charme de ce Lento quasi en apesanteur. Les ballons évoquent tantôt une nuée de spermatozoïdes, tantôt du pollen emporté par le vent, quand ce ne sont pas des extraterrestres - autant de formes changeantes que nos officiants gèrent comme ils peuvent. Obéissant à ce dispositif mystérieux qui se plie et se déplie à loisir, ils entraînent le spectateur à leur suite dans un rêve fragile aux reflets évanescents.