Le jeu de baston, né en 1991 avec Street Fighter 2, est un genre à part. Même si l'objectif primaire reste de mettre des tartes à l'adversaire jusqu'à ce que KO s'en suive, il se crée un attachement particulier aux personnages. On commence par en choisir un sur des critères subjectifs (puissance apparente, style, belle gueule, etc.). Et puis on apprend à le manipuler, on étudie ses coups spéciaux et la meilleure manière d'aborder les affrontements, et se crée une alchimie. On sait alors qu'à chaque itération de la série, on jouera avec celui-là et aucun autre.
Digitalisés. Pour les Street Fighter, ce sera pour nous Ryu. Pas très original, mais son «Hadouken !» est irrésistible. Avec Tekken, Eddy, et sa capoera idéale pour les joueurs pas très doués. Dans SoulCalibur, Maxi, parce que le nunchaku, ça dépote. Et à chaque épisode de Dead or Alive, on hésite entre Ayane et Kasumi, mais on n'a jamais persévéré.
Et puis il y a Mortal Kombat. Le premier opus, sorti en 1992 en arcade, s'est tout de suite démarqué par les personnages digitalisés, c'est-à-dire directement issus d'enregistrements vidéo, et son ultraviolence décomplexée qui virait au gore lors des célèbres «fatalities», démembrements d'un adversaire déjà vaincu. Sur fond de polémique, la licence s'est imposée au fil du temps, malgré une qualité très inégale. Jusqu'à renouer avec un minimum d'ambition pour le reboot de 2011 confié au studio de Chicago NetherRealm.
La question du personnage dans un Mortal Kombat ne se pose pas dans les mêmes termes que pour ses concurrents. La plupart ont de fait le charisme d'une huître. Johnny Cage est depuis l'origine un clone à peine déguisé de Jean-Claude Van Damme ; Raiden, dieu du tonnerre affublé d'un chapeau problématique, a perdu toute crédibilité depuis son incarnation par Christophe Lambert dans le film homonyme de 1995 et Liu Kang n'est qu'un sous-Bruce Lee. Enfin il y a Sub-Zero, ninja bleu au pouvoir de glace, choix par défaut, et qui le reste dans ce dixième épisode, toujours développé par NetherRealm.
Foutraque. Premier jeu de baston à sortir sur les consoles de dernière génération, il réussit à séduire par un gameplay plus précis qu'à l'accoutumée, tout en gardant son cachet série Z, avec un mode histoire complètement foutraque. Mais quand viennent les affrontements entre joueurs, tout le monde, du coup, veut prendre Sub-Zero. Ce qui devient un peu lassant, à la longue.