Dans le salon indien du Grand Café de l'hôtel Scribe à Paris, en janvier 1896, les spectateurs ont cru que le train arrivant en gare de La Ciotat, présenté dans l'obscurité par les frères Lumière, provenait de derrière le mur de projection et leur fonçait dedans. Terreur, hurlement, la mort approchait à 16 images par seconde, le film d'horreur et de catastrophe était né. Cent vingt ans plus tard, la gageure des réalisateurs de ces films de genre reste la recherche de ces sensations primitives. Ces œuvres sont des travaux de laboratoire qui racontent peu de la vie mais s'attachent à trouver les bonnes combinaisons sensitives pour que le spectateur n'en finisse pas de se crisper sur son siège. Dans San Andreas, cette faille californienne qui fait office de plaie non cicatrisée de la conquête de l'Ouest, le spectateur se crispe beaucoup, notamment quand il se retrouve avec un paquebot au-dessus de la tête. Mais, paradoxalement, ce film catastrophe-là est plus original par ce qu'il nous montre en creux de son monde.
D’ordinaire, les films catastrophes s’attachent à suivre un groupe, un panel représentatif de la société embringué dans une expérience potentiellement ultime. Ici, c’est un bête égoïsme familial qui triomphe. Le monde s’effondre et les buildings, tous ces enfants que les Etats-Unis ont élevés, chutent. C’est dans ces circonstances que le clan du héros, à terre, se recompose. The Rock (muscle) et Carla Gugino (sourire) se réaccouplent pour aller sauver leur fille (bombasse), qui profite de l’aventure pour se trouver un petit ami (timide). Autour d’eux, l’humanité meurt dans des scènes à la Jérôme Bosch, mais les héros s’en foutent. Ils se sont retrouvés, leurs failles se sont comblées.
«San Andreas», de Brad Peyton, avec Dwayne Johnson, Carla Gugino, Alexandra Daddario… 1h54. En salles.