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Libération
Expo

Raysse, au pop et au figuré

A défaut d’aller à Venise, on peut se plonger à la faveur d'un catalogue dans la densité de son œuvre.
(Editions Marsilio)
publié le 1er juin 2015 à 18h56
«On m’a souvent demandé "Mais Martial, pourquoi Ingres, Ingres, Ingres ?" Je pense qu’à cette époque, vous voyez, dans les années 60, je devais consommer un petit peu trop de Coca-Cola»,

lit-on dans une note de bas de page du catalogue de la rétrospective consacrée par le Palazzo Grassi à Martial Raysse. Le supposé classicisme s’offrant une effervescence dans les bulles de la pop, voilà une définition possible de l’œuvre du peintre français, né en 1936, auréolé d’une expo au centre Pompidou l’an dernier.

A défaut d'aller à Venise, on peut se plonger à la faveur de ce catalogue dans la densité de son œuvre dont, selon la commissaire Caroline Bourgeois, le «goût pour la représentation des femmes va au-delà de l'attirance sexuelle ou de la beauté classique : il est fasciné par l'Inconnue». Et des inconnues, il y en a partout, tout le temps, qui défilent depuis le début des années 60 : des visages féminins qui avalent l'espace du tableau, illuminés par des couches de couleurs pop, puis, dans ses œuvres plus récentes, des corps souvent nus et enveloppés d'un halo mystérieux. Comme l'expo elle-même, il n'y a pas de démarche chronologique, mais une lecture de Raysse au prisme de ses obsessions, des dialogues qui s'opèrent entre les œuvres. Comme Poisson d'avril, tableau clownesque de 2009, qui trouve un écho au Poisson, esquisse pour l'Enfance, dessin représentant des gamins en 1990. Raysse a explosé les cadres de ses toiles, y a ajouté des éléments inattendus (plantes, cornures, trous), façonné des sculptures quasi tribales. Autant de moyens de répondre à sa formule : «Etre moderne, c'est avant tout voir plus clair.»