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Paris : encore un pic dans la Jeune rue

Une startup parisienne vient marcher sur les plates bandes de la Jeune rue, projet gastronomique lancé par Cédric Naudon pour ranimer le quartier parisien de la rue Notre-Dame-de-Nazareth.
Capture d'écran de la page d'accueil du site de La Jeune Rue. (Photo DR. )
publié le 10 juin 2015 à 18h51

C’est à se demander si la Jeune Rue en finira un jour avec les polémiques. Le projet culinaro-philosophico-artistique lancé au début de l’année 2014 par Cédric Naudon devait raviver le vieux quartier des rues du Vertbois/Notre Dame de Nazareth/Volta en y implantant 36 commerces de bouches habillés par des designers de renom. A chaque commerce de respecter la chaîne alimentaire et le produit, de réduire les intermédiaires entre le consommateur et le producteur.

Quatre mois après l’annonce du placement en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris d’une partie du projet (huit sociétés appartenant à Cédric Naudon, le président de la Jeune Rue, dont les restaurants Sergent recruteur et le Pan, lancés ces deux dernières années), voilà qu’une jeune startup parisienne vient le titiller sur son propre terrain.

HopShop, société créée en décembre 2014, s’est spécialisée dans le business des pop-up, ces boutiques éphémères qui pullulent désormais dans la mode et le design. HopShop met ainsi en relation jeunes créateurs en quête d’espaces et propriétaires de boutiques et d’ateliers. Jouant la carte de la provocation, les trois dirigeants de la startup assurent dans un communiqué que si la Jeune Rue était de l’histoire ancienne, eux allaient se charger de raviver ce bout du Haut Marais en ouvrant des boutiques éphémères, du 4 au 18 juillet, parfois dans les lieux que Cédric Naudon souhaitait lui-même réaménager.

Cédric Naudon souhaite assigner HopShop

La société a lancé une campagne de crowdfunding pour permettre à une quinzaine de designers, stylistes, cuisiniers de s'installer entre les rue du Vertbois et Notre-Dame-de-Nazareth sans avoir à financer eux-mêmes la location. Cédric Naudon, muet depuis six mois, nous a confié qu'il comptait assigner la société HopShop «car ils utilisent le nom de La Jeune Rue, en affirmant vouloir la raviver. Mais la Jeune Rue n'est pas morte et eux ne resteront que quinze jours là. Ils n'ont pas à utiliser le nom de ce projet et surtout pas à répandre des idées fausses. Ils n'ont même pas eu la délicatesse de venir me voir».

Les trois dirigeants de HopShop s'offrent là un joli coup marketing en surfant tristement sur les déboires d'une Jeune Rue annoncée morte avant d'avoir vécue : «Cette Jeune Rue devait être un rêve gastronomique et commercial (...) La rue du Vertbois allait se transformer en paradis de commerces au service d'un nouvel art de vivre ! Sauf que ce projet d'urbanisme convivial et créatif a été mis en redressement judiciaire le 4 février dernier, faute de financements. HopShop relève le défi avec vous et lance un projet ambitieux avec KissKissBankBank : installer de jeunes entrepreneurs en boutiques éphémères dans cette jeune (...) et relancer la dynamique du quartier !».

La Jeune Rue fonctionne aujourd'hui au ralenti. Cédric Naudon a dû revoir son projet à la baisse et au ralenti, faute d'investisseurs solides à ses côtés. Après avoir licencié une trentaine de personnes en novembre 2014, il dit être en mesure de mener ce vaste ensemble sans dévoiler le nombre total de boutiques qui verront le jour : «Je me laisse cinq ans. Il faut prendre le temps, faire les choses dans l'ordre des choses. Mais nous ouvrirons normalement au mois d'août la boucherie L'Ecorcheur, à l'angle des rues Volta et Notre-Dame-de-Nazareth, puis viendra le café qui se situe en face».