Menu
Libération
Cinéma

«Love & Mercy», une bio pas sable

La vie aliénée et dédoublée du Beach Boys Brian Wilson.
«Love & Mercy» (Francois Duhamel)
publié le 30 juin 2015 à 20h06

C'est un cas d'aliénation artististique parmi les plus connus, mais, curieusement, aucun réalisateur ne l'avait encore étreint : dans la famille des grands zinzins de l'histoire de la musique (disons de Wolfgang «Amadeus» Mozart à Jerry «Great Balls of Fire» Lee Lewis) ayant déjà eu droit à la transposition cinématographique de leur geste pop, Love & Mercy rend grâce au Californien Brian Wilson. Soit la substantifique moëlle des Beach Boys, légende hédoniste et dévastée des 60's, que Bill Pohlad a eu l'idée recevable de dédoubler en confiant le rôle à Paul Dano et à John Cusack. L'un, pour la partie apparemment primesautière liée au succès mondial qui culminera avec la sortie de l'album Pet Sounds, en 1966, et l'autre, une vingtaine d'années plus tard, en pleine tentative de sauvetage du mythe sur fond de diagnostic schizoïde.

Des deux époques, la première prévaut, qui détaille le boulot de studio d'un maniac en butte à l'incompréhension, car prêt à toutes ces expérimentations que lui dicte une «voix intérieure». Biopic autorisé, Love & Mercy veille aussi à étriller l'entourage de Wilson, opposant la figure bienveillante de Melinda (Elizabeth Banks), une vendeuse de voitures qui deviendra sa conjointe, à l'attitude nocive du docteur Landy (Paul Giamatti, tout en moumoute visqueuse), du paternel Murry Wilson (Bill Camp), alcoolique, violent et cupide, et du cousin Mike Love (Jake Abel), alter ego bas de plafond aspirant juste à enregistrer un «album normal».