Menu
Libération
Captures

Images / Shots

Cette semaine sur nos écrans.
publié le 3 juillet 2015 à 18h46

^ Bande-annonce – Pour Bordeaux, ciné quad non

Auteurs l'un et l'autre, tantôt en solitaire tantôt en couple, de beaux films courts remarqués au détour d'Internet ou de festivals (leur Tant qu'il nous reste des fusils à pompe a remporté notamment l'ours d'or du court métrage à la Berlinale l'an dernier), Caroline Poggi et Jonathan Vinel y cultivent les prolégomènes d'un lexique aussi curieux que plein d'attachantes promesses, tissé d'emprunts autant aux franges les plus ordurières de la culture populaire qu'au jeu vidéo ou à l'imagerie du cinéma d'auteur le plus contemplatif. Répondant à l'invitation du Festival du film indépendant de Bordeaux (du 8 au 14 octobre), qui leur confiait la réalisation de la bande-annonce de sa 4e édition, ils ont conçu ce tout petit film qui tient lieu de précipité à la fois fragilissime et assez enivrant de leur cinéma en germe.

Sous les traits de Paul Hamy (aperçu notamment dans Suzanne ou encore dans une pub Lacoste), on retrouve la tendreté et le caractère d'ode blafarde de leurs précédentes œuvres courtes, dans une déclaration d'amour fantomatique qui décolle peu à peu, sur le fil d'une voix blanche et à dos de quad, vers un cosmos d'économiseur d'écran. Toute la beauté branlante de la chose, qui oscille entre parodie carnassière de clip du couple West-Kardashian et poème naïf, tient à ce qu'en pareilles rêveries les jeunes cinéastes sachent obscurcir jusqu'à le rendre indiscernable ce qui y délimite l'élégie de la farce.

^ GIF – Quand le ciné tourne rond

Photographe, réalisateur de vidéos d'animation, concepteur de logos… C'est probablement pour réunir toutes ses passions que le designer argentin Axel Rosito a partagé, sur le site Behance, un «petit projet personnel» intitulé Circles in Movies . Il y rend hommage aux cercles célèbres du cinéma en dix gifs animés. La Lune y figure bien sûr en bonne place entre Méliès, E.T. et l'Etrange Noël de monsieur Jack. Mais aussi l'auréole d'étoiles de la Paramount, l'œil diabolique de HAL 9 000, les engrenages des Temps modernes… Le jeu est de les reconnaître tous.

 ^ I.A. – Bot romance

Les robots de conversation sont fascinants. Il s'agit de programmes d'intelligence artificielle capables de tenir un échange textuel en se rapprochant le plus possible d'un comportement humain. Le graal serait bien sûr d'arriver à passer le test de Turing. Le mathématicien avait établi en 1950 un protocole dans lequel une personne tient deux conversations, l'une avec un ordinateur, l'autre avec un être humain. Si, dans plus de 30 % des cas, elle est incapable de reconnaître lequel des deux est une machine, le test est réussi. Malgré les progrès, on en est loin. Ce qui n'empêche pas de s'amuser un peu avec ces programmes complexes. Ainsi, Zabaware, qui développe un logiciel baptisé Ultra HAL, capable d'apprendre des conversations précédentes et de ce qu'il trouve sur Twitter, a mis en ligne une vidéo où deux de ses robots flirtent gentiment. On obtient des passages surréalistes. Comme lorsque l'homme déclare : «J'aimerais bien faire une sieste, si ça ne te dérange pas.» La femme lui répond : «Je vais encore me saouler, et tu ne seras pas là pour prendre soin de moi. Ne bois pas, s'il te plaît.»

^ Double rainbow – Ruth Bader Ginsburg, mème pas peur

Juge à la Cour suprême, Ruth Bader Ginsburg est devenue à la faveur d'une lutte acharnée pour les droits des homosexuels un phénomène viral aux Etats-Unis, bref, un «mème». Nommée par Bill Clinton et classée parmi les cent femmes les plus influentes du monde par le magazine Time, elle est aujourd'hui déclinée en gifs, mugs et tee-shirts à l'effigie badass de «Notorious R.B.G». A 82 ans, elle est ici figurée chevauchant triomphalement la licorne de l'amour aux couleurs du drapeau LGBT devant la Maison Blanche suite à la décision du 26 juin légalisant le mariage homo sur le territoire américain.

^ Mode – L’hiver sera cool  en Kenzo by Araki

Le mariage entre l'univers du cinéma indé et du luxe n'en finit pas de faire des petits. Un réalisateur se voit offrir un joli cachet, tandis que la marque profite de la respectabilité arty du bonhomme. Après Wes Anderson et Prada, John Cameron Mitchell et Dior, Nicolas Winding Refn et Gucci, c'est le tour de Gregg Araki. Kenzo a fait appel à lui pour un court métrage accompagnant la campagne hiver 2015-2016. Le résultat ? Here Now, un petit film assez drôle, visible en ligne, où une bande de post-ados un peu délurés parlent de cul, mangent des burgers et enfilent des perles. Il y a là la patte de l'auteur des merveilleux The Doom Generation ou Kaboom, son utilisation des codes du queer, ici rhabillés par les couleurs flashy de Kenzo, avec juste ce qu'il faut d'acidité pour être considéré comme «cool».