Etranges, ces corps peinturlurés de rouge, ces visages parés de masques, cette galerie de personnages : le policier dans sa bagnole, le bûcheron qui brandit sa hache, le cavalier et sa cravache… En fait, ce sont des autoportraits. Marko Zink les a réalisés entre 2012 et 2014 dans son Autriche natale. L’ensemble des photographies constitue un almanach : le footballeur représente le mois d’août, l’homme à la banane le mois d’avril, le cavalier le mois de février… Le photographe s’est inspiré des calendriers de nus en vogue ces dernières années, mais il se souvient aussi de celui qu’il feuilletait enfant : un modèle, bourré de conseils et de dictons, que son grand-père agriculteur lisait quotidiennement. Chaque jour, une phrase donnait le ton sur ce qu’il fallait faire ou ne pas faire. Avec cet objet désuet, l’artiste a compris les stéréotypes. Il s’en est souvenu, notamment pour créer son personnage de fermier. Sauf que le sien, la main sur une balle de paille, est nu comme un ver (rouge) et qu’il a une attitude de pin-up, une jambe relevée. Pour son almanach, qu’il imagine perpétuel comme les préjugés, Marko Zink a en effet souhaité mixer, afin de s’en moquer, les stéréotypes homo et hétérosexuels. Quant au rouge, l’artiste l’a choisi pour son côté universel : le rouge n’est-il pas la couleur du sang ?
LUNDI : ALESSANDRO RUGGIERI