Pieds nus, hagarde et le regard vide, Ingrid Bergman apparaît dès la première scène en épouse alcoolisée, guettée par la folie. Elle est la femme d’un ancien bagnard devenu riche dans l’Australie de 1831. Dans ce deuxième long métrage en couleurs (et gros échec commercial) d’Alfred Hitchcock, sorti en 1949, le suspense laisse place à la psychologie d’un couple - Henrietta et Sam - rongé par un lourd secret qui l’enferme, elle, dans une terrible culpabilité. Mais un gentilhomme irlandais va redonner confiance à cette maîtresse de maison dominée par son étrange gouvernante. Ragaillardie, elle va réveiller la jalousie de son mari, dévoiler celle de sa domestique et tenter de se sacrifier à son tour.
Hitchcock use ici de longs plans séquences renforçant la tension. Mais sa longue confession expliquera cet état second dans lequel l'actrice s'est plongée. «Elle avait la fougue en elle et moi le diable au corps. Ça ne pouvait que mal finir.» Cette phrase prononcée par Sam au début du film à propos de sa femme s'adapte au réalisateur et à son actrice. Excédée par les exigences de Hitchcock lors du tournage, Ingrid Bergman ne tournera plus avec lui et deviendra l'égérie libérée de Rossellini dans Stromboli.
A voir, notre retour sur la carrière d'Ingrid Bergman «Itinéraire d'une actrice étoilée»