Le port de la basket a largement dépassé le cadre de la rue. Depuis trois ans, elles sont portées partout, au premier rang des défilés, si ce n'est sur les podiums, au bureau et dans n'importe quelles soirées, même les plus guindées. On a même aperçu, cet été, certains mariés arborant une paire de baskets en lieu et place du soulier vernis. Les sneakers cassent des allures trop strictes et sauvent la vie de nombre d'urbains, contraints à la course dès la sortie du lit. La basket est souvent le premier objet du culte mode, que tout adolescent qui se respecte se doit d'arborer, s'il veut affirmer sa décontraction.
La multiplication des collaborations dans le monde de la mode lui a aussi permis de s'imposer comme le faire-valoir parfait d'un cool sans âge et d'une street cred' à consolider. Plus une pop star (Rihanna et Puma récemment), un couturier (Adidas et Raf Simons, designer de Dior), une jeune griffe (Pigalle et Nike) qui ne s'est pas affilié à un équipementier d'envergure mondiale.
Des Stan Smith à tête de mort
Deux ouvrages rendent aujourd'hui hommage à la basket et à ses multiples variations. Sneakers : le guide complet des éditions limitées, réalisé par l'agence U-Dox, à la tête du site spécialisé crookedtongues, porte son attention sur ces collaborations que les ultras s'arrachent, collectionnent, revendent à prix d'or. Par définition plus rare qu'un modèle classique, elles sont aussi, souvent, les marqueurs d'une mode à venir. L'ouvrage, sorti en 2014 et traduit en français par les éditions Arthaud, passe 300 paires en revue, catégorisées par marque et racontées à travers des anecdotes, une fiche technique systématique et un brin d'histoire. Ainsi, la Nike Air Max 90 Current huarache, conçue en 2009, avec la boutique culte new yorkaise DQM (pour Dave's QualityMeats), arborait les couleurs du bacon, en clin d'oeil au thème de ce spot pour skateurs et hipsters. En 2012, la Adidas Samba Messi, blanche, bleue, sobre, ne fut produite qu'en cinq exemplaires, tous légués au footballeur argentin.
Le second ouvrage, sobrement intitulé Sneakers est étroitement lié à l'histoire personnelle d'Amel Mainich, alias Ugly Mely, son nom de blogueuse, spécialiste ès baskets. Elle met ici en scène son univers et quelques-unes des 250 paires qu'elle possède. Organisé par type d'usage (basket, lifestyle, running), l'ouvrage met en scène, à travers une galerie de photos légendées, la collection personnelle de la blogueuse, féminine, colorée voire excentrique où figure la fameuse Stan Smith, mais ici dans une version noire, à tête de mort, imaginée par la marque de prêt-à-porter japonaise Mastermind.
Sneakers : le guide complet des éditions limitées, textes et design U-Dox, éditions Arthaud, 256 pages, 21 euros.
Sneakers par Ugly Mely, photographies Brice Agnelli, éditions du Chêne, 384 pages, 25 euros.