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Libération

Fixettes

Atsuki Segawa travaille à partir d’images classiques, réalisées en impression sur bois, et en fait des gifs. Ici, une scène champêtre de l'ère Edo (1603-1867) traversée par un Segway, véhicule électrique qui avance sur deux roues.
publié le 25 septembre 2015 à 17h56
(mis à jour le 28 septembre 2015 à 0h54)

Vintage/ Came en réclame

Cette collection d’images exhumées par le site américain World’s Best Ever à la suite d’un visionnage intensif de

Narcos,

la série de Netflix consacrée à l’épopée de Pablo Escobar, a fait plusieurs fois le tour de l’Internet ces derniers jours, et nous laisse, à chaque fois que l’on tombe dessus sur un nouveau site, dans le même état de stupeur un peu rêveuse : de quel monde réel ou inventé peuvent bien nous revenir ces images ?

Il semble que dans la plupart des Etats américains, en dépit de la prohibition des narcotiques, les accessoires relatifs à leur consommation peuvent encore aujourd'hui faire l'objet d'une promotion publicitaire, plus ou moins allusive quant à leur destination. Et que, dans les années 70, alors qu'un Américain sur dix consommait régulièrement de la cocaïne, les ad men s'en donnaient à cœur joie, vantant sur de pleines pages de papier glacé les fonctionnalités et le chic de pailles et cuiller en argent ou en jade, d'écrins boisés, de miroirs de poches et de tamis colorés, mais aussi d'accessoires haut de gamme pour couper le «produit», de tubes aspirants (pour ne rien gâcher de la «neige», pudiquement évoquée) ou même de cette intrigante «höt böx», censée permettre d'évaluer, «pour le prix de deux grammes seulement», le degré de pureté de «certaines matières cristallines». J.G.

Clip/ Rose McGowan mue et nue

Bas les masques : déshabillée sous une épaisse couche de peinture qui fait émerger une monstresse griffue puis une alien déplumée, Rose McGowan change de peau. Suite à son tweet-manifeste contre le sexisme endémique dans le cinéma, la comédienne de

Charmed

et

Planète terreur

qui a récemment déclaré

«détester être actrice»

sort son premier clip,

RM486

, d’après la composition de la pilule avortive.

«Chauve et seins nus !»

a gloussé la presse people. Le clippeur Jonas Akerlund du collectif WHOYOUARE, habitué des métamorphoses de Lady Gaga et Madonna, filme cette mue plastiquement très réussie en cinq stéréotypes hollywoodiens. Dans une interview au site Nowness, McGowan précise tenir à ce que les corps, en particulier féminins, soient représentés de manière non-sexualisée.

Web/ Segawa flanque des gifs dans l’Edo

Gif Magazine, site internet japonais spécialisé, comme son nom l’indique, dans les gifs animés a repéré le travail d’

Le graphiste nippon travaille à partir d’images classiques, réalisées en impression sur bois, et leur accorde la vie. Il y a ainsi des vagues, qui pourraient être d’Hokusai, et qui se mettent à onduler. Mais aussi des choses plus inattendues : un paysage typique de l’ère Edo (1603-1867) où apparaît un avion dans le ciel, vite explosé par un sniper. Ou notre préférée : cette scène champêtre

(photo)

de la même époque, traversée par un Segway, véhicule électrique qui avance sur deux roues.

Porno/ Chacun ses triques

Chaos Reign -

«blog illuminé pour mutants sous hypnose» -

a demandé à un

«panel de personnalités»

de sélectionner leurs pornos de chevet les plus détraqués. Il y a là de quoi se faire une liste de course avant d’aller fouiller dans les poubelles de l’Internet :

«La pornographie est, plus que tout autre genre, une rêverie participative, une victoire de la fiction sur le réel dépravé»,

dit le critique Jacky Goldberg à propos du

Démon

de Jack Tyler.

«Des scènes étonnantes se succèdent tant dans la forme que dans le fond. Un SDF sodomise un cochon puis une jeune femme, en l’aspergeant de lait, le tout sur

Tubular Bells

de Mike Oldfield»,

commente un certain Nicco Tubbytoast qui choisi

In the Heat of the Hole

de Renato Alves. Ou encore, l’incunnable

Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole,

de Norbert Terri, porno antigaspi que Philippe Azoury, ze famous rédactrice en chef de

Grazia,

n’a jamais vu, mais qu’il cite

«tout le temps car le titre est extraordinaire»

.

Conflits/  Immersion dans une zone de guerre

L’information immersive est-il un des modèles destinés à se répandre dans les années à venir, reconfigurant complètement l’idée que l’on se fait du reportage de terrain avec des prises de vues à 360 degrés ? Du moins, les décideurs d’ABC News ont choisi de se lancer sur cette piste, diffusant, la semaine dernière, un reportage à Damas en Syrie pour son édition du soir

Nightline

par le correspondant Alexander Marquardt que l’on peut accompagner dans ses pérégrinations sur place grâce à une captation par 16 caméras, «fusionnées» ensuite par ordinateur, pour ce rendu «embedded» prospectif (1).

Sur le même principe, on trouve sur le site de Smartnews Agency (photo) plusieurs vidéos impressionnantes qui nous plongent au beau milieu des villes détruites, avec les habitants qui continuent de circuler au milieu des gravats au son des balles et tirs de mortier. Bien entendu, le reportage classique, photo ou télé, nous renseigne quotidiennement sur les zones de conflits, mais, ici, dans le calme d'une position de spectateur devant un ordinateur, quelque chose se passe de nouveau qui est la sensation d'être inclus dans l'image, virtuellement cerné par elle, et donc menacé à notre tour. Car en faisant sauter la frontière classique de l'altérité que supposent les comptes rendus même les plus engagé dans l'action, la peur panique et l'envie de sortir de là vous saisit. Soit une expérience à tenter pour tous ceux qui doutent encore des raisons qui poussent les réfugiés sur les routes de l'Europe. 

(1) http://abcnews.go.com/ US/fullpage?id=33768357