La mode est sans aucun doute le seul univers où l'artifice naît de l'authentique. A moins que ce ne soit l'inverse, on s'y perd un peu au vu de la rapidité à laquelle avancent les flux des « tendances ». Le livre Global Style Battles du photographe italien Daniele Tamagni, a quelque chose d'une encyclopédie. C'est moins une enquête qu'un répertoriage subjectif de lieux, de personnes, d'attitudes, en bref d'identités, partout dans le monde. Que voit-on ? Un crâne rasé et teint en vert, d'où pendent deux tresses bleutées, un digne monsieur africain avec une chemise col Mao, un jeune homme qui aime les bagnoles au point d'avoir le logo d'Audi à la boucle de sa ceinture, un chapeau bolivien serti de pierreries, un uniforme de guérillero pourvu d'une cagoule, des fans de metal du Botswana, des punks du Myanmar (photo)…
La mode qui s’affiche sur les pages est celle d’un monde qui ne s’arrête pas de vivre, de se réinventer, de bouillir. Ce n’est pas la mode de la rue du Faubourg Saint-Honoré, même si c’est aussi là que les marques viennent piocher des idées. Dans l’internationale de la classe que présente Tamagni, il y a de tout. Et c’est tant mieux, car dans cette pluralité d’expressions se lit le look du monde : pluriel, bordélique et magnifique. Mais à la fois réel et fantasmatique, car sommeille toujours en nous l’envie d’être, pour une heure ou beaucoup plus, l’un ou l’une de ces apparitions.
Global Style Battles, de Daniele Tamagni, éditions La Découverte, 292 p., 35 €.