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Simon Hantaï se redéplie

La galerie parisienne Jean Fournier expose une dizaine des fameuses «Tabulas» de l'artiste français d'origine hongroise, des pliages et quadrillages réalisés entre 1972 et 1982 et presque jamais montrés en France.
publié le 30 octobre 2015 à 12h58

Après une formidable rétrospective au centre Pompidou en 2013, on pensait tout connaître de l'œuvre du grand Simon Hantaï (né en 1922 à Bia, en Hongrie, et mort en 2008 à Paris). A tort. La galerie parisienne Jean Fournier le met à nouveau à l'honneur, cet automne, en déployant quelques peintures issues de la série des Tabulas, jamais ou très peu montrées en France et toutes réalisées entre 1972 et 1982. A l'exemple de ces deux œuvres exceptionnelles et monumentales, uniquement aperçues lors de la rétrospective au musée Ludwig de Budapest en 2014 − la Tabula jaune et la polychrome.

Avant d'être élève aux Beaux-Arts, Simon Hantaï était ingénieur. Est-ce pour cela qu'il a sans cesse cherché, évolué sans arrêt ? En témoignent les séries qui se sont succédé durant deux décennies, où il explore les différentes façons de plier ses toiles, comme ces Panses (1964-1965), renfermées comme des sacs ou ficelées en croix, les Meuns (1967-1968), puis ces fameuses Tabulas, nouées selon un quadrillage rappelant les plis soigneusement repassés du tablier de sa mère en Hongrie.

A propos de celles-ci, le poète et critique d'art Dominique Fourcade écrivait dans le catalogue de l'exposition de Beaubourg : «Inoubliable, pour qui a vu au moins une fois le rythme léger des nœuds aux quatre coins à l'envers de la toile. Là encore, quel affriolant relief − irrépressiblement de la sculpture. Et le bruit que ça fait : l'événement, c'est que c'est audible, entre champagne qu'on débouche et vague sèche sur la plage, le plaisir, l'émoi.»

A travers une dizaine d'œuvres, l'exposition représente bien les différents types de pliage des Tabulas, des quadrillages réguliers à petits carreaux jusqu'aux doubles formes, qui témoignent de la richesse de cet artiste sans limites. Avec ses pliages, Hantaï donnait forme au hasard, comme Pollock avec ses drippings et Matisse avec ses ciseaux. Les Tabulas sont la dernière technique inventée par le peintre.

En 1982, après sa participation à la Biennale de Venise, Simon Hantaï se replie sur lui-même et se retire du monde de l'art. Il ne touche plus un pinceau, expose très rarement. En 1994, il découpe dans ses immenses Tabulas réalisées pour une exposition à Bordeaux, en 1981. Il en ressort de nouvelles peintures, les Laissées.

«Regards sur quelques Tabulas», galerie Jean Fournier, 22, rue du Bac, Paris VIIe. Jusqu'au 28 novembre. Rens. : www.galerie-jeanfournier.com