Reconnaissant une baisse de fréquentation durable, la Pinacothèque de Paris a été placée en redressement judiciaire, via la société Art Héritage France qui la gère. Révélée le 3 novembre par le site Unpointculture.com, l'information a été confirmée par son président Marc Restellini, mercredi sur le site de la Croix : «La situation économique française met tous les musées en difficulté. La Pinacothèque n'y échappe pas puisque, après avoir enregistré de remarquables succès, notre fréquentation a baissé de 20% à 25% depuis deux ans. Depuis les attentats, c'est carrément une catastrophe.» Le même Restelli ajoutant : «Comme nous sommes un musée privé, qui n'a aucune subvention, notre budget dépend essentiellement des recettes de la billetterie et de la boutique.»
Un déménagement est une des solutions envisagées pour rétablir l'équilibre financier. «Nous y réfléchissons car les loyers sont astronomiques», confirme le président de l'établissement - situé dans deux bâtiments voisins, place de la Madeleine et rue Vignon - qui mentionne au passage la recherche «d'autres investisseurs».
Ouverte en 2007, la Pinacothèque ne s’est pas fait que des amis (c’est un euphémisme) dans le monde de l’art. Musée assez tapageur dans sa manière de communiquer, il a d’emblée manifesté une volonté d’attirer le grand public, en convoquant dans ses expositions temporaires (en plus d’une collection permanente constituée de prêts de collectionneurs privés et d’institutions publiques) des noms ou thèmes très fédérateurs (Picasso, Rembrandt, Duchamp, le «mythe Cléopâtre», l’armée de soldats de terre de cuite de Xi’an… réduite à quelques spécimens exposés)… Au risque parfois de développer des angles pour le moins controversés (cf. le lien supposé entre Giacometti et l’art étrusque, qui a fait s’étrangler - ou ricaner - plus d’un spécialiste).
Actuellement, la Pinacothèque assure révéler les «secrets» du Codex de Leonard de Vinci, dont sont présentés nombre de feuillets assortis de longs commentaires, certes instructifs, mais plombés par une scénographie très faible. «Mercredi 18 novembre, nos deux expositions sur le Codex Atlanticus et sur les photos de Karl Lagerfeld n'ont reçu que 40 visiteurs, au lieu de 1 500 habituellement», précise Restellini qui, dans l'entretien, ajoute que l'exposition «Au temps de Klimt, la sécession à Vienne» a attiré en début d'année moins de 400 000 visiteurs, contre «600 000 espérés».
Fin mai, assurant ne pas avoir été payés depuis plusieurs semaines, les agents de sécurité de l’établissement s’étaient brièvement mis en grève.