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Scènes

Stéphane Braunschweig, une certaine idée de l'Europe à l'Odéon

Le successeur de Luc Bondy, passé par le TNS et la Colline, entend ouvrir le théâtre à l'Europe et aux nouvelles générations.
Stéphane Braunschweig à la Colline en 2009. (Photo Franck Fife. AFP)
publié le 17 décembre 2015 à 17h39

Le metteur en scène Stéphane Braunschweig succédera donc à Luc Bondy, mort le 28 novembre, à la tête de l'Odéon-Théâtre de l'Europe. Oubliées, les possibles nominations de l'Allemand Thomas Ostermeier ou du Polonais Krzysztof Warlikowski, c'est sur l'actuel directeur du Théâtre de la Colline que la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a finalement fait son choix. Retour en trois points sur une nomination.

Le profil

Considérant que le ministère met en avant le caractère «européanophile» des directeurs ainsi qu’une volonté de rajeunissement des artistes programmés, le nom de Braunschweig était particulièrement adapté. Le Parisien de 51 ans a dirigé le Théâtre national de Strasbourg de 2000 à 2008, où il avait programmé des pièces européennes et où de nombreux élèves de l’Ecole supérieure d’art dramatique (Esad) participaient aux divers projets, faisant du lieu un vivier convoité. Il avait de plus permis un certain essor à cette jeune génération en créant, en 2005, le festival Premières, dédié aux premiers travaux de metteurs en scène, et qui coulissait avec la création d’une classe de mise en scène à l’Esad.

A la recherche «du plus européen» des directeurs, et sans attacher d'importance à sa nationalité, le ministère a privilégié un projet «cohérent» au service du théâtre… européen. Jusqu'à faire de cette nomination un développement naturel du parcours de Braunschweig, qui a monté du répertoire européen en France, ainsi qu'en Europe. Et dont le nom était déjà pressenti en 2008 pour accéder au même poste. Olivier Py avait alors été préféré.

Braunschweig traîne aussi une réputation de bon gestionnaire, que ce soit au TNS ou à la Colline, qu'il quitte sur un «très bon bilan», fait-on savoir au théâtre. C'est-à-dire hausse des abonnements (plus de 10 000) et ouverture aux jeunes metteurs en scène (Michael Thalheimer, Lucia Calamaro…). «En termes d'efficacité, de curiosité et de découverte, c'était parfait !»

Les délais

Survenant quinze jours après la mort de Luc Bondy, cette annonce semble rapide. Au ministère de la Culture, on met en avant le fait que la question de sa succession était envisagée depuis déjà deux ans. Le précédent directeur savait qu’il ne ferait qu’un mandat. Pour le bon fonctionnement du théâtre et de ses équipes, il n’était de surcroît pas nécessaire de retarder une décision validée.

Stéphane Braunschweig, qui dirige actuellement une Norma très réussie au Théâtre des Champs-Elysées et qui doit mettre en scène un Britannicus début mai à la Comédie-Française, devrait prendre ses fonctions à l'Odéon à la mi-janvier. Son dernier spectacle à la Colline sera donc le Canard sauvage d'Ibsen créé l'an dernier (voir Libération du 15 janvier 2014), qui sera donné du 6 au 14 janvier 2016. Par ailleurs, sa succession à la tête de la Colline n'a pas encore été décidée, et cancanons : les rumeurs évoquent Pascal Rambert (Théâtre de Gennevilliers) ou Christian Sciaretti (Théâtre national populaire).

La mission

Même si elle reste encore à définir dans les détails, elle marquera une rupture avec celle de Luc Bondy, et contribuera, en plus de programmer des grands noms du théâtre, à mettre en avant une nouvelle génération d’artistes et de metteurs en scène européens dans un lieu qui associe répertoires contemporain et patrimonial.

Stéphane Braunschweig veut faire de l'Odéon «le lieu militant d'un idéal européen que les artistes peuvent incarner», explique-t-il dans un communiqué. Cette mission «s'inscrira en tout cas dans la continuité du grand projet européen de l'Odéon, avec une attention portée à la jeune création européenne, et le souhait de défendre l'idée d'une Europe ouverte sur le monde au moment où les populismes poussent au repli nationaliste», a-t-il précisé à Libération, se réservant du temps avant de s'exprimer davantage sur son projet.

Concernant la possible cannibalisation de la programmation par les directeurs, la jurisprudence Bondy, soit en gros un spectacle par an présenté à l’Odéon et mis en scène par le responsable des lieux, resterait en vigueur.