N'attendons pas le dessert pour jubiler : Top Chef pourrait bien remporter ses trois étoiles en 2016, en abordant enfin le plus bel aspect de la cuisine française. Ni la compétition (moins de violons) ni les recettes (en seconde partie de soirée). Mais bien la transmission, l'art de transformer un commis en étoilé. Une boucle incessante, incarnée par ces candidats devenus chefs, la mobilisation du jury en commis pour une épreuve, ou l'apparition de Michel Guérard, quasi grand-père culinaire des trois quarts du jury.
On s’explique. Retournons quarante ans en arrière, apogée de la Nouvelle Cuisine. Dans cet élan, deux pionniers majeurs : Jean Delaveyne (le Camelia à Bougival), et Alex Humbert (Maxim’s à Paris). Jean Delaveyne a formé Michel Guérard, qui a formé Alain Ducasse, qui a formé Michel Sarran (au Juana), Hélène Darroze et Jean-François Piège (les deux au Louis XV). Et Etchebest ? Formé entre autres par Christian Constant. Lui-même élève de Guy Legay. Lui-même élève d’Alex Humbert, le second pionnier. Bref, une lignée royale transmise du chef au commis, non par le sang mais par les fourneaux.
Un des candidats cuvée 2016 devra le prouver : Pierre Meneau, fils du multi-étoilé Marc Meneau (un autre élève d’Alex Lannister). Ou Humbert, je ne sais plus.