C'est simple à comprendre, quand même : tu vas en cours, tu enlèves ta culotte, et tu te fais caresser le clitoris par un(e) inconnu(e). Une pratique assez courue en Californie, sous le nom de «méditation orgasmique» (MO), lancée en 2011 par une certaine Nicole Daedone, considérée par la presse américaine comme l'une des papesses du slow sex, et qui arrive à Londres (la pratique, pas Nicole) : des milliers de femmes auraient découvert, selon le site Dazed & Confused, la méditation par le doigt, la reconnexion à soi-même par un petit massage clitoridien rondement mené en quinze minutes par autrui, et qui conduirait à «une expérience partagée de méditation, et celle, profondément humaine, profondément ressentie et connectée de l'orgasme», centrée sur le plaisir féminin, explique ainsi l'une des étoiles de la MO (OM en anglais), la praticienne Rachel Tayeb. Pas de «sexe honteux, dans l'obscurité, sous les couvertures», dit-elle, non, de la masturbation à deux et au grand jour, pour tirer parti de la force de l'orgasme qui facilite, selon les pratiquants, «une plus grande conscience émotionnelle, des relations interpersonnelles améliorées, et le sentiment de plénitude».
Le premier qui dit «c'est comme une petite turlute au bois» a perdu : il s'agit d'une pratique sans aucun but, selon l'un des sites français de coaching sexuel, sobrement intitulé méditation orgasmique, sinon l'échange, l'interconnexion, mixant un brin de tantrisme, de yoga, de zen, d'hypnose, de shamanisme et autres. Comme le résume Emmanuelle Duchesne, l'une des coachs du mouvement français, ceux qui pratiquent sont «hors du temps, vibrants, en résonnance l'un avec l'autre. Quand l'amour n'est plus un mot, mais un ressenti commun, quand l'orgasme n'est plus un instant mais un état». Explication sur la vidéo ici :
Nicole Daedone, elle, y voit une philosophie, le slow sex comme la slow food : prendre son temps, ne pas se fixer d'objectifs, goûter l'instant, ne pas se remplir de manière irréfléchie, etc. Et fait un parallèle assez déroutant avec le scorbut sur le site OneTaste qui représente le mouvement. Pendant des siècles les marins sont morts du scorbut, et, dans les années 30, on a découvert que c'était dû à un manque de vitamine C. «L'orgasme est un nutriment qui a été absent de l'alimentation humaine depuis des siècles. Il soulage ce sentiment qu'il "manque quelque chose" et le remplace par un sentiment de plénitude, où le désir devient votre boussole.» Le Christophe Colomb de la sexualité, quoi, qui règle l'angoissante question du néant ontologique avec un clitoris et un doigt. C'est rafraîchissant.
Tarifs et sessions à venir en France ici.