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Libération
Lettre ouverte

Fermer dignement la porte de la Maison de l'arbre

Jean-Jacques Hocquard, compagnon de route et administrateur de la compagnie d'Armand Gatti, lance un appel au ministère de la Culture pour éviter la liquidation.
Armand Gatti. (Photo DR)
par Jean-Jacques Hocquard, Administrateur de la Parole errante
publié le 21 avril 2016 à 18h40

A la Maison de l'arbre, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), Armand Gatti a fixé la Parole errante, sa coopérative de création, en 1998. L'aventure et le bail prennent fin le mois prochain, le département récupérant le lieu pour confier sa gestion à d'autres structures. Le pavillon est laissé au célèbre metteur en scène et auteur, 92 ans, jusqu'à sa disparition. Mais Jean-Jacques Hocquard, administrateur de la compagnie et fidèle collaborateur d'Armand Gatti, tire la sonnette d'alarme pour que les derniers feux de l'activité de la Maison de l'arbre ne soient pas ternis par une liquidation judiciaire. De nombreuses archives inconnues, qui réclament d'être traitées, viennent notamment d'être découvertes, dont le tapuscrit corrigé de sa main du premier texte de «Dante», Bas-relief pour un décapité (1954), qu'on croyait perdu. Jean-Jacques Hocquard a adressé, le 29 mars, la lettre ci-dessous à la ministre de la Culture, Audrey Azoulay.

«Madame la ministre,

Quand nous avions inventé en 1987 la Maison de l’arbre, à la demande de Jack Lang, qui nous donnait comme mission de créer un lieu "où serait confrontée l’écriture d’auteurs de langue française avec des groupes diversifiés allant de jeunes éloignés de toute culture classique à certains professionnels du théâtre intéressés", nous ne pensions pas devoir en 2016 terminer cette aventure à la recherche d’un financement indispensable pour empêcher notre liquidation.

La diminution régulière des financements publics, tout en continuant à maintenir nos activités à plein régime, fait que cette année de clôture est beaucoup plus difficile que nous l’avions prévu.

Afin de terminer nos différentes missions, en versant à la BNF plus de 80 manuscrits d’Armand Gatti, des milliers d’heures de sons et d’images représentant cinquante ans de travail, plus de 20 000 photos et des milliers d’affiches, en licenciant le personnel dans des conditions normales et en rendant au conseil général le bâtiment qu’il nous avait confié il y a vingt ans, nous avons besoin d’une aide de l’Etat malgré l’engagement que nous avions fait de ne plus solliciter dans les années à venir le soutien financier du Ministère de la Culture.

Nous ne voudrions pas qu’Armand Gatti termine sa carrière avec une liquidation entraînant la disparition d’archives que beaucoup considèrent comme très importantes.

Madame la ministre, nous souhaiterions que cette année 2016, qui termine un parcours exemplaire dans le monde de la création théâtrale, le ministère nous accorde une subvention de 100 000 euros nous permettant à la fois de fermer la Maison de l’arbre dans de bonnes conditions, et de déposer sans difficulté les nombreuses archives en notre possession.

En espérant que vous serez sensible à notre demande.

Dans cette attente, croyez, madame la ministre, en nos sentiments respectueux.»