C'est arrivé dans nos mails jeudi matin, entre un bilan illustré d'une fête où nous n'étions pas invités et la 142^e relance d'attaché de presse sur un film qu'on n'a pas vu : «Vous pourrez interviewer Thomas Piketty à Cannes.» Heu, Thomas Piketty ? Oui, Piketty, the economist, the director d'études à l'EHESS, the professor at the Ecole d'économie de Paris (on dit aussi «Paris School of Economics» pour faire moins plouc). La star universitaire française est au marché du film ce vendredi pour l'annonce du début du tournage, cet été, de l'adaptation à l'écran de son best-seller le Capital au XXI^e siècle - 3 millions d'exemplaires vendus dans le monde et un temps «N° 1 on the New York Times non-fiction best-seller list» (apparemment, c'est trop la sse-cla). Coproduction franco-néozélandaise, le film sera réalisé par un certain Justin Pemberton et promet d'être une «combinaison d'interviews, d'extraits vidéos […], d'archives et de JT». Le film (pas encore tourné, on se permet poliment de le rappeler) se donne ce programme : «Imaginez Gordon Gekko nous disant que "la cupidité est bonne" et Monsieur Burns blablatant sur les dangers de donner aux travailleurs trop de pouvoir. Le capitalisme comme une pop culture.» D'accord. On a (vraiment) hâte. Rappelons qu'Eisenstein eut longtemps l'idée d'adapter le Capital (tout court, mais long quand même) en filmant les pages. Pour le moment, on notera juste la coexistence géniale (cannoise, en fait) de Piketty et Kendall Jenner (petite demi-sœur de Kim Kardashian, petite belle-demi-sœur de Kanye West, pour info et pour les nuls) sur la même Croisette : les rumeurs vont bon train quant à un rendez-vous entre les deux au bar du Martinez sur le projet d'un livre à quatre mains : le Capital soleil au XXII^e siècle. Sur ce, on file au junket d'Alain Badiou à l'Eden Roc.