Pas de la première fraîcheur, on pressentait le merdier : interviewer à Cannes du gros calibre, notamment américain, en tête à tête, tourne plus que jamais à l'affligeant graal. En particulier quand vous appartenez au club des losers, aka la presse écrite, cette laborieuse qui a besoin de plus de cinq minutes pour œuvrer. Qui plus est quand vous avez l'outrecuidance de vouloir faire immortaliser ces sommités par un photographe de votre choix, au lieu d'utiliser les chromos prévus pour la promo. Mais, bon, avec Russel Crowe, on pensait avoir notre chance : fabuleux acteur, la baraque néo-zélandaise révélée en jupette (Gladiator) a tout de même sabordé le scénario calibre Master & Commander du cinéma mondial qui lui tendait les bras. Depuis 2010, il enchaîne flops d'acteur ou au galop d'essai en tant que réalisateur qui tourne au pétard mouillé (si, si, la Promesse d'une vie est vraiment sortie sur les écrans). Du coup, The Nice Guys, la comédie policière qui l'emmène cette année à Cannes au côté du wonderboy Ryan Gosling, se profilait comme la brèche spatio-temporelle idéale. Sachant que pour Crowe, on se serait satisfait de dix minutes, la disette a des effets d'anneau gastrique. Sauf que c'était encore trop demander. L'équipe de The Nice Guys débarque samedi et ne fait que le service minimum, dimanche. Et le créneau est réservé aux télés. Qui officieront à l'Eden-Roc du cap d'Antibes, cet autel des superstars à allure de camp super retranché. Les portables devront être éteints, la conférence de Yalta à côté de ça, c'est du pipi de chat. L'idée, nous dit l'attaché de presse compatissant : «Obtenir maximum de choses [d'écho médiatique, ndlr] en un minimum de temps.» Soit six minutes. A ce niveau d'empapaoutage, on n'a pas demandé si la douche était comprise.
Pitié !
Promo cannoise : six minutes, douche comprise
Ryna Gosling et Russell Crowe dans «The Nice Guys». (DR)
publié le 14 mai 2016 à 8h47
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