Alerte ! Alors que le planning festivalier est déjà saturé, et augmenté à l'instant de la nécessaire présence du nouveau documentaire de Bernard-Henri Levy, Peshmerga, tourné au coude à coude avec les Kurdes en lutte contre l'Etat islamique, on apprend le débarquement en TGV recyclable ou jet bio de Jacques Attali et sa bande de potes, venus en nombre promouvoir l'idée du «Cinéma positif» - procès en copyright en vue avec le délicieux Michel Ciment à la barre, rapport au nom de sa revue séculaire, chouchou des documentalistes cinéphiles à moumoute. Non mais qu'est-ce que c'est au juste «le Cinéma positif» ?
Vraie question que le communiqué de presse travaille à élucider en séries de formules magiques : le Cinéma positif «ne met pas seulement en lumière : il a pour vocation de donner envie de se prendre en mains», selon les termes lucides d'Attali. «Qui n'a jamais entendu dire : "Ce film a changé ma vie" ?» poursuit son enthousiaste acolyte Dominique Farrugia, le Citizen Kane de la chaîne Comédie. «Le cinéma est un véhicule d'émotions incomparable. Il s'adresse et touche tous, quel que soit le milieu, l'âge ou le pays. Qu'il fasse rire, pleurer, rêver, son rôle est aussi d'éduquer, de dénoncer les injustices et les scandales, de faire changer les mentalités en partageant et en prônant des valeurs humaines universelles.» Il y aura du débat, des prix, distribués au hasard de l'ivresse du moment, des parrains- marraines exaltés par les promesses du futur (d'Emmanuelle «sous réserve» Béart à Harvey Weinstein, dont les valeurs humaines se mesurent à son surnom en salle de montage, «Harvey Scissorhands»), des distributions de pastilles de spiruline grand luxe, une vente aux enchères, un dîner de gala… Mais, à notre connaissance, zéro projo de film. Faut pas pousser.